Téléchargez la synthèse
« Cher patient, pour votre médicament, merci de patienter » : c'est le cri d'alarme lancé aujourd'hui par la Ligue contre le cancer face aux pénuries de médicaments, de plus en plus importantes.
« C'est un combat de longue date de la Ligue contre le cancer. Les pénuries de médicaments utilisés dans les traitements des cancers sont un fléau silencieux qui s'aggrave d'année en année et que le contexte de la Covid-19 ne fait que renforcer. Au-delà même du manque de certains médicaments, l'insuffisance d'information, de transparence, les sentiments d'inquiétude et de colère des personnes malades, leur perte de confiance sont autant de conséquences délétères pour elles mais aussi de difficultés pour les professionnels de santé » explique Axel Kahn, Président de la Ligue contre le cancer. « Dans son rôle de lanceur d'alerte, la Ligue souhaite mobiliser le plus grand nombre face à cette situation : pouvoirs publics, personnes malades (concernées ou non par les pénuries), familles, etc. Il est urgent de trouver des solutions pérennes à ce problème d'ampleur, qui s'est installé dans la durée »
Recueillir des témoignages pour exposer la réalité
Alors que Septembre en Or a commencé et qu'Octobre Rose se profile, la lutte contre la pénurie de médicaments doit devenir une priorité : elle concerne tous les types de cancer, même pédiatriques. Face à cette situation indigne, la Ligue contre le cancer lance un appel à témoins afin de donner la parole aux premiers concernés par les pénuries. Personnes malades, proches : T.E.M.O.I.G.N.E.Z.
La crise sanitaire provoquée par l'épidémie de Covid-19 a révélé l'existence des pénuries de médicaments au grand public. Pourtant, le problème était déjà grave et préoccupant avant la crise sanitaire ! Il entraîne de lourdes conséquences pour les personnes malades. En effet, avec 1 499 médicaments signalés en difficulté ou rupture d'approvisionnement auprès de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), l'année 2019 atteint un record avec 34 fois plus de pénuries signalées qu'en 20081. |
Un constat alarmant
Selon une étude exploratoire menée par la Ligue contre le cancer2 avec l'institut IPSOS, 74% des professionnels interrogés ont déclaré avoir déjà été confrontés à des pénuries de médicaments utilisés contre le cancer pendant leur carrière. Trois quarts d'entre eux ont le sentiment que les pénuries de médicaments contre le cancer s'aggravent depuis 10 ans. Près de 60% des oncologues médicaux témoignent d'une augmentation des pénuries depuis 10 ans. Les pharmaciens hospitaliers sont 95% à constater une aggravation du phénomène. |
|
De lourdes conséquences pour les personnes malades
94% des personnes qui y ont été confrontées associent l'annonce de l'indisponibilité de leur traitement contre le cancer à des sentiments négatifs : incompréhension d'abord, inquiétude et colère ensuite. La nouvelle est, pour les personnes concernées, extrêmement pénible à supporter.
75% des professionnels soignants interrogés sont d'accord pour dire que, malgré l'existence des traitements de substitution, les pénuries de médicaments utilisés contre le cancer entraînent une perte de chances pour les personnes malades.
De plus, 45% des professionnels interrogés dans l'enquête font le constat d'une détérioration de la survie à 5 ans de leurs patients qui sont victimes de pénuries de médicaments contre le cancer. Ce pourcentage s'élève à 68% parmi les oncologues qui ont fait l'expérience des pénuries. |
|
Face à ce constat, la Ligue demande :
- Le recensement par les pouvoirs publics, de façon systématique, des personnes qui n'ont pas eu accès au médicament prescrit en premier lieu ;
- La mise en place d'un système d'informations sur les pénuries de médicaments, à destination des professionnels de santé et particulièrement ceux exerçant en ville. Ce système d'informations doit permettre de renforcer la transparence sur l'origine, la durée et l'historique de ces pénuries ;
- La mise en place, par les pouvoirs publics, des dispositions nécessaires pour que le droit à l'information des personnes malades soit respecté et appliqué, notamment grâce à la création d'un système collectif d'informations, en application de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des usagers du système de santé ;
- La mise en place d'études pour mesurer les pertes de chances causées par les pénuries. Elles doivent être réalisées par une autorité publique et indépendante, à l'aide de critères objectifs ;
- En tant que porte-voix des personnes malades, des dispositions réglementaires sur les pénuries et des sanctions financières en cas de non-respect de ces dernières. |
La Ligue contre le cancer se mobilise !
Face à l'ampleur du phénomène, les professionnels de santé et les personnes malades tirent la sonnette d'alarme. Impuissants, tous souhaitent une mobilisation collective pour faire face à un problème durable et multidimensionnel. C'est précisément pourquoi l'action de la Ligue contre le cancer sur les pénuries de médicaments est plurielle. En tant qu'organisation représentant les usagers du système de santé, elle alerte les pouvoirs publics sur l'urgence à prendre en compte les conséquences des pénuries pour les personnes malades. De même, face à un phénomène structurel, la Ligue contre le cancer appelle les acteurs du médicament à prendre leur pleine et entière responsabilité.
Les actions de la Ligue - La Ligue contre le cancer lance penuries.ligue-cancer.net, une plateforme ouverte à tous qui permet de témoigner et, in fine, d'avoir une meilleure visibilité de la situation de terrain. Cette plateforme sera relayée via les réseaux sociaux et le site de la Ligue. - Forte des enseignements de son étude exploratoire qui révèle un manque d'information et de transparence, la Ligue contre le cancer souhaite sensibiliser le grand public avec le lancement, le 14 septembre 2020, d'une campagne d'affichage « Cher patient, pour votre médicament, merci de patienter » ; - La Ligue contre le cancer porte la voix des personnes malades au sein du Comité de pilotage sur les pénuries de médicaments lancé par le Ministère de la Santé. Elle contribue de façon régulière aux travaux de ce Comité. |
1. ANSM, 2020. Présentation publique du bilan 2019 de l'Agence, lors du groupe de travail ministériel du 16 janvier.
2 En partenariat avec l'Institut IPSOS, cette étude exploratoire a été réalisée du 29 octobre au 4 décembre 2019 auprès de 1358 personnes malades en cours de traitement ou dont le traitement est terminé depuis moins de 10 ans, et 500 professionnels de santé (pharmaciens d'officine et hospitaliers, oncologues, médecins généralistes, etc.) qui ont gracieusement participé à l'enquête, sans aucune rémunération. Ces deux échantillons sont représentatifs des populations étudiées (i.e. redressés sur des populations de référence).