IL faut réécouter l’interview d’Emmanuel Macron le 14 juillet par les stars de la télé : nous sommes prêts, se félicitait alors le Président de la République, à affronter la deuxième vague de la pandémie du Covid 19. Nous avons des respirateurs, des masques, des tests, poursuivait le chef de l’Etat qui se vantait également d’avoir préparé les hôpitaux à faire face à une recrudescence du virus. Et de féliciter son ministre de la santé. Un peu osé et bien imprudent…
Car quelques mois plus tard le bilan est impressionnant. La deuxième vague frappe la France et le pays est confiné de nouveau alors que les ministres tout l’été et même cet automne se sont bousculés aux micros des radios et aux débats des télés pour affirmer sans prendre guère de précautions qu’il n’était pas question de répéter le scénario du printemps. On est abasourdi par tant de naïveté et même, osons le mot, d’aveuglement. Car enfin, les avertissements n’ont pas manqué. Il n'était que de regarder autour de soi pour s’apercevoir que nombre de pays européens prenaient des décisions moins douces que celles prônées par la France ; des signaux lancés par les autorités médicales françaises, européennes voire mondiales se faisaient entendre pour mettre en garde contre une certaine tendance à l'immobilisme.
Début août la réalité d’une deuxième vague ne faisait guère de doute, mais il a fallu attendre la mi-octobre pour que des décisions soient prises. Un délai bien long… Et encore s’agissait-il de demi-mesures, comme l’ont déploré amèrement nombre d’acteurs du monde de santé qui sont en première ligne. Qu’on en juge : 17 octobre couvre feu de 21 h à 6 heures en Ile de France et dans huit territoires ; 24 octobre couvre feu étendu à 54 départements. Brusque changement de politique quelques jours plus tard et accélération de décisions avec l’annonce d’un retour du confinement dans tout l’hexagone et en Polynésie. « Ca sent la panique » commentait un quotidien. Une impression de confusion, d’incompréhension et surtout parfois d’improvisation ressort de cette politique qui a du mal à convaincre. Certes, les français dans leur grande majorité affirment être décidés à respecter cette consigne de confinement, mais c’est plus par crainte que par adhésion à une politique gouvernementale qui a surtout montré des hésitations, des contradictions. Et ce n’est pas la forte colère des libraires, fleuristes et autres coiffeurs, qui ont le sentiment d’être les victimes économiques de cette politique qui va démentir la réalité des faits. Et cela malgré les dernières annonces du premier ministre. Un rattrapage qui accroit le malaise.
Attention donc au retour de manivelle. Le Président de la République et son Premier ministre auraient intérêt à se montrer plus réalistes et convaincants, alors que Noël et les fêtes de fin d’année approchent. Il s’agira de convaincre les français d’être «compréhensifs et raisonnables», comme l’espère l’exécutif. Ce n'est pas gagné même si les premiers sondages paraissent montrer une certaine résignation de la part des français. Encore faudrait-il qu’ils aient le sentiment que les pilotes savent où ils les conduisent. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Résignation n’est pas adhésion. « Les commerçants de proximité pourraient bien être les gilets jaunes de cet hiver » commente un journaliste. Pas faux…