Les médecins ne décolèrent pas. Un médecin libéral sur le site du « Quotidien du médecin » : « C’est une honte ! À un moment donné, il y a des limites à tout ! Lamentable gestion du ministère de la Santé et de l’État en général : le manque de masques depuis le début de cette épidémie va être lourd de conséquences en victimes […]. ». Un autre : « Les scandales s'accumulent et viennent gonfler le ras-le-bol du corps médical, qui travaille sans protection efficace, au risque de leur santé, pour certains de leur vie, et de celles de leur famille ».
Le Pr Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital Pompidou - et qui vient d’être réélu au premier tour maire de La Garenne Colombes – n’est pas moins sévère avec la politique du gouvernement, fustigeant le fait qu’il n’instaure pas un dépistage plus déterminant du virus, et surtout s’insurgeant contre le manque de masques de protection pour les professionnels de santé, médecins, infirmières, aides soignantes. « Il faudra que l’on en reparle après », a-t-il averti à plusieurs reprises sur les écrans de télévisions faisant clairement allusion au ‘laxisme’, terme employé par de nombreux professionnels de santé pour dénoncer l’action des politiques.
De leur côté, plusieurs centaines de médecins réunis au sein de l’association C19 ont décidé de porter plainte contre le premier ministre, Edouard Philippe, et l’ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn, « pour mensonge d’Etat ». Les trois médecins à l’origine de cette initiative ont ainsi déposé plainte auprès de la Cour de Justice de la république (CJR) seule organisme habilité à juger les ministres en, exercice. En clair, il est reproché au chef du gouvernement et à sa ministre de n’avoir pas agi alors qu’ils avaient connaissance de la situation et des dangers sanitaires qui menaçaient la France, et les français.
Selon l’avocat du collectif, «une enquête pénale est désormais indispensable pour connaître l'étendue de l'information que l'on a cachée aux Français et déterminer les responsabilités de chacun dans ce fiasco sanitaire.». Il demande aussi à ce que les serveurs informatiques du ministère de la santé « soient perquisitionnés».
C’est bien évidemment l’interview d’Agnès Buzyn au Monde le 19 Mars qui a incité ces médecins à déclencher ces actions : elle savait, elle n’a rien dit, accusent en substance ces médecins, qui reprochent au Premier ministre de n’avoir pas tenu compte des avertissements de sa ministre.
Une attitude d’autant plus condamnable pour le collectif que le 30 janvier l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) lançait un avertissement clair. « Le comité d’urgence sur le nouveau coronavirus a été convoqué à nouveau le 30 janvier », précise l’OMS, et il a été « constaté que l’épidémie était une urgence de santé publique de portée internationale » Le comité d’urgence « a fourni des conseils à l’OMS, à la République populaire de Chine, à tous les pays et à la communauté mondiale sur les mesures à prendre pour lutter contre cette épidémie. Le Comité estime qu’il est encore possible d’interrompre la propagation du virus, à condition que les pays mettent en place des mesures fortes pour détecter la maladie à un stade précoce, isoler et traiter les cas, retracer les contacts et promouvoir des mesures de distanciation sociale proportionnelles au risque ».
Pourquoi cet avertissement a t-il été ignoré ? Est-ce que parce Agnès Buzyn avait affirmé sans nuances quelque jours plus tôt pour tenter d’apaiser les premières craintes de la population, que le risque d’importation depuis Wuhan était quasi nul, et que le risque de propagation du coronavirus dans la population était très faible » ? Mais à contrario comment expliquer que dix jours plus tard, la ministre dise le contraire au Premier des ministres ? Et l’incite à reporter le premier tour des élections minicipales ? Les questions ne sont pas innocentes. Il faudra bien un jour, « qu’on en perle » comme le dit le Pr Juvin et que des responsabilités, si elles existent, soient clairement établies quelque soit le niveau de leur(s)auteurs.