« Tous les indicateurs sont au vert. » Selon le président de l’AFIPA (association pour une automédication responsable), Pascal Brossard, l’automédication devrait enfin décoller. « Quels que soient l’âge, le sexe ou la catégorie socio-professionnelle, 53 % des Français ont recours à l’automédication plusieurs fois par an », explique le directeur de la société d’études IPSOS. Et pour cause ! Quelque 92 % d’entre eux considèrent que les symptômes ont disparu à l’issue d’un traitement d’automédication.
Quant aux médecins, ils considèrent que 16 % de leurs consultations auraient pu être réglées par l’automédication. En particulier les généralistes qui n’hésiteraient pas à inciter leurs patients à choisir cette stratégie thérapeutique en cas de douleurs liées à un état grippal, de diarrhées passagères, de constipations, de troubles du sommeil, de toux sèches… Les spécialistes, en revanche, sont beaucoup plus sceptiques.
Les médecins, dans leur ensemble, n’en considèrent pas moins que près d’un Français sur deux (45 %) seraient capables de s’auto-médiquer ; d’autant que les pharmaciens apparaissent clairement comme le relais d’information incontournable tant pour les patients que pour les médecins.
« Et cette nette progression enregistrée depuis cinq ans devrait se poursuivre, puisque 82 % des médecins sont convaincus que l’automédication va continuer à progresser », ajoute l’économiste Frédéric Bizard. A condition, toutefois, qu’ils puissent l’initier ou du moins l’accompagner lors d’une consultation… voire par téléphone pour 47 % d’entre eux.
Des perspectives de croissance qui s’inscrivent dans une évolution plus générale du système de santé selon Frédéric Bizard. Et d’expliquer : « les Français sont prêts à accepter le principe d’un reste à charge dès lors qu’il permettra de dépenser mieux et d’améliorer la santé ». Une évolution qui colle parfaitement aux objectifs de l’AFIPA : « Faire du self care la première étape du parcours de soins. »
Selon le président de l’AFIPA, l’automédication doit permettre de fluidifier la chaine de soins. Comment ? En confiant aux pharmaciens la gestion des pathologies bénignes et aux médecins les pathologies chroniques ainsi la prise en charge des patients fragilisés. D’où l’urgence, selon le président de l’AFIPA, de lister toutes les pathologies et de réfléchir si elles doivent relever d’une prise en charge individuelle ou collective.
Une ventilation qui correspond au premier objectif de l’AFIPA : développer l’offre de médicaments disponibles en automédication. A charge ensuite pour les autorités d’associer les professionnels de santé et les patients à cette démarche en organisant, par exemple, une grande conférence. Pour emporter l’adhésion des patients, il faudra enfin faciliter et assurer l’accessibilité financière de l’automédication en appliquant le même taux de TVA à tous les médicaments et en incluant l’automédication à la CMU.