A l'occasion du congrès de l'Association Dentaire Française (ADF) qui s'ouvre le 27 novembre, le site d'information de santé bucco-dentaire Dentaly.org publie une enquête faisant un état des lieux des difficultés d'accès des Français aux soins dentaires et notamment de ce qui en constitue le principal frein : l'achat et la mise en place des prothèses. Réalisée par l'Ifop auprès d'un échantillon représentatif de 1003 Français, cette étude met en lumière une nette dégradation de l'accès aux soins dentaires, principalement à cause du coût deprothèses dentaires dont la prise en charge à 100% annoncée récemment par le gouvernement rend pour le moins circonspects les Français.
LES CHIFFRES CLÉS
Une nette dégradation de l'accès aux soins bucco-dentaires en France
Une renonciation croissante aux soins dentaires, avant tout due au coût du traitement...
... mais aussi à un allongement conséquent des délais d'attente chez les dentistes.
La prise en charge à 100% des prothèses : un engagement qui suscite à la fois du scepticisme et de l'inquiétude
LE POINT DE VUE DE L'IFOP SUR LES RESULTATS DE L'ETUDE
Interview de François Kraus (directeur du pôle Politique / actualités de l'Ifop dans Dentaly.org
LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DE L'ENQUETE
UNE NETTE DEGRADATION DE L'ACCES AUX SOINS BUCCO-DENTAIRES EN FRANCELe premier enseignement de l'étude réside dans la baisse de la fréquence des soins chez le dentiste : alors que les professionnels du secteur recommandent une consultation par an, cette pratique n'est effectivement suivie que par un peu plus d'un Français sur deux (55%). De plus, ce taux est en diminution par rapport à la mesure de 2013 (-4 points). Inversement, la proportion de Français n'ayant pas consulté de dentiste depuis au moins deux ans a augmenté de 10 points en cinq ans, atteignant désormais 25%.
EVOLUTION DE LA FREQUENCE DES SOINS DENTAIRES
L'accès aux soins dentaires constitue donc un fort marqueur social. Cette faible fréquence du recours aux soins dentaires s'observe tout particulièrement chez les catégories modestes de la population : seule une minorité d'ouvriers (44%), de personnes aux faibles revenus (44%) et d'habitants de banlieues « populaires » (48%) se sont rendus chez un dentiste au moins une fois par an, alors que les habitants des banlieues « aisées » et les personnes gagnant plus de 2500 euros par mois se rendent pour près de deux tiers d'entre elles (63%) régulièrement chez le dentiste.
UNE DEGRADATION DE L'ACCES AUX SOINS DENTAIRES A LA FOIS VECUE ET RESSENTIE PAR LES FRANÇAISCette baisse de la fréquence des soins dentaires s'accompagne précisément d'une dégradation de la perception de l'accès à ces soins : alors que 66% des Français considéraient en 2012 que l'accès aux soins assurés par les dentistes était « facile », ils ne sont aujourd'hui plus que 50% à en dire autant. Là encore, des disparités importantes existent au sein de la population : si 62% des cadres jugent « facile » d'accéder à des soins dentaires, seuls 47% des ouvriers partagent ce constat.
LE REGARD DES FRANÇAIS SUR LA FACILITE D'ACCES AUX SOINS DENTAIRES Au-delà du seul sentiment, la dégradation de l'accès aux soins dentaires recouvre une certaine réalité dans les actes : en effet, 62% des Français déclarent avoir renoncé à des soins dentaires au moins une fois. Le coût des soins dentaires et les délais d'attente constituent des obstacles important pour une grande partie de la population
Un taux de renonciation élevé qui s'explique par deux principaux facteurs :# Le coût des soins dentaires : pour près d'une personne sur deux (45%), la question financière a déjà conduit à renoncer à des soins, soit une hausse de 10 points en 5 ans. Si cette barrière financière concerne tous les types de prestations dentaires, elle touche particulièrement l'achat etla mise en place des prothèses, un tiers des personnes (35%) concernées par la renonciation aux soins ayantrenoncé plus particulièrement à cette prestation, alors qu'une sur cinq a renoncé à une consultation de base chez un dentiste (22%).
LA RENONCIATION A DES SOINS DENTAIRES
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Dans le détail, une fois de plus, ce constat laisse apparaitre de profondes disparités : si la moyenne du renoncement aux soins pour des raisons de coûts est de 46% pour l'ensemble population, ce score atteint 62% chez les personnes ayant les revenus les plus faibles et 29% chez les Français les plus aisés.
LE PROFIL DES FRANÇAIS AYANT RENONCE AU MOINS UNE FOIS A DES SOINS DENTAIRES EN RAISON DU COUT # L'autre facteur prépondérant de la renonciation aux soins dentaires a trait aux délais d'attentes pour obtenir une consultation chez le dentiste : 31% des Français expriment ainsi avoir déjà renoncé à des soins en raison de la difficulté à obtenir un rendez-vous dans un délai suffisamment rapide.
Et ce d'autant plus que ces délais ont explosé : alors qu'il fallait attendre en moyenne 27 jours en 2014 pour obtenir un rendez-vous, les Français doivent aujourd'hui en compter 40, soit une augmentation de 13 jours.
A cela s'ajoute la problématique de l'éloignement géographique, mentionnée par 15% des sondés comme ayant causé un renoncement aux soins. La question sociale se mêle donc à une problématique territoriale, faisant ainsi écho aux récents débats sur les déserts médicaux.
LES DÉLAIS D'ATTENTES POUR UN RDV AVEC UN DENTISTE
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DES FRANÇAIS SCEPTIQUES FACE AUX PROMESSES D'EMMANUEL MACRON Face à cette situation, le gouvernement fait donc l'objet de fortes attentes, d'autant plus que la promesse de campagne d'Emmanuel Macron proposant une prise en charge totale des soins dentaires avaient marqué les esprits. Récemment traduite par un accord signé avec les partenaires sociaux, elle devrait permettre de plafonner, à partir de 2020-2021, le prix de certaines prothèses dentaires et d'assurer leur remboursement intégral. Si cet accord rencontre une satisfaction assez large dans la population (65%), il laisse les Français dubitatifs quant à ses conséquences. En premier lieu, un peu plus d'un Français sur deux (53%) pense que cette promesse de campagne ne sera pas respectée. Le clivage social constaté dans l'accès aux soins dentaires se retrouve d'ailleurs aussi en matière concernant la crédibilité associée à cette mesure : les catégories modestes sont plus sceptiques s'agissant de la mise en œuvre de cette mesure que les groupes sociaux plus aisés : 56% des employés et 54% des ouvriers ne croient pas en l'application d'un reste à charge zéro contre seulement 41% des cadres et professions intellectuelles supérieures.
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LA CROYANCE DANS L'APPLICATION D'UN RESTE À CHARGE ZÉRO POUR LES PROTHÈSES DENTAIRES Mais au-delà du simple scepticisme relatif à la mise en œuvre de la mesure, c'est une véritable préoccupation qui se fait jour chez les Français puisque plus de la moitié d'entre eux (53%) considère en effet que cet accord risque de conduire à une baisse de la qualité des soins ; une inquiétude se répartissant de manière assez homogène dans les différentes catégories de la population.
LES RISQUES LIÉS À UN RESTE À CHARGE ZÉRO POUR LES PROTHÈSES DENTAIRES
1 Cf. Observatoire de l’accès aux soins Ifop / Jalma mars 2017 Source Dentaly.org 27/11/18 |