Vahid Asnafi et son équipe tentent actuellement d’améliorer la survie des personnes atteintes par certaines leucémies graves, des cancers du sang.
Les leucémies aiguës lymphoblastiques de type T, aussi appelées LAL-T, surviennent chez l’enfant ainsi que chez l’adulte, le plus souvent lorsqu’ils ont entre 10 et 30 ans.
La survie des patients cinq ans après le traitement n’est que de 50 % chez l’adulte et l’adolescent, et de 80 % chez l’enfant.
Surtout, elle n’atteint que 20 % en cas de rechute.
Vahid Asnafi et son équipe ont découvert des mutations génétiques associées à une augmentation du risque de rechute de cette maladie. Grâce à cela, « le laboratoire réalise actuellement le profilage génétique des tumeurs de certains patients touchés par la LAL-T afin de connaître ce risque. Si celui-ci est élevé, les médecins leur prescriront un traitement plus puissant, qui a pour inconvénient d’être neurotoxique, avec pour objectif une amélioration de leur survie », explique le chercheur. Ainsi le nombre des personnes qui pouvaient connaître une rechute pourrait-il être réduit.
Mais il y a mieux. Vahid Asnafi et son équipe ont récemment réussi à guérir des souris touchées par cette même leucémie aiguë lymphoblastique. La maladie commence lorsque certaines cellules de la moelle osseuse, qui ont acquis des anomalies génétiques, restent bloquées à un stade immature. Elles qui refusent d’évoluer en adultes finissent par devenir cancéreuses.
L’hématologue de l’hôpital Necker a développé une molécule, un anticorps, qui, en se fixant sur ces cellules anormales, provoque le redémarrage de leur processus de maturation. Celles-ci, peut-être parce qu’elles « se savent » anormales, activent alors un mécanisme d’auto-destruction appelé apoptose. Ainsi les cellules cancéreuses sont-elles supprimées et la maladie neutralisée.
Lors de récents essais, toutes les souris touchées par une LAL-T murine ont été guéries par cette technique. Des LAL-T de type humain provoquées chez la souris ont également répondu favorablement à cette molécule. La piste tracée par Vahid Asnafi laisse espérer la guérison des personnes touchées par cette grave affection qu’est la leucémie aiguë lymphoblastique T, mais il faudra de nombreuses années avant que ses travaux ne débouchent finalement sur un éventuel traitement chez l’humain. « Les leucémies sont le premier cancer chez l’enfant. Je me sens le devoir de combattre ces maladies, moi qui à l’origine voulais devenir pédiatre », explique Vahid Asnafi.