« L’officine de demain sera écoresponsable car tous les professionnels de santé sont concernés par la préservation de notre planète ». Convaincue de la nécessité pour le pharmacien d’officine de prendre en compte l’impact environnemental de son activité, la présidente de Pharma Système Qualité, Laëtitia Hénin, avait souhaité engager l’association dans cette voie, dès 2020. Comment ? En s’inspirant des préconisations du think tank de la transition carbone, the Shift Project, et en publiant le premier guide écoresponsable pour les officines pharmaceutiques.
Première étape du label ECOR®, cette publication avait convaincu quelque 125 titulaires pionniers de relever le défi d’une labellisation écoresponsable de leur pharmacie. Et de manière assez simple, puisqu’ils se sont « engagés à respecter une dizaine d’items -réduire les consommables, économiser l’énergie et l’eau, favoriser une logistique écoresponsable, sensibiliser l’équipe, s’impliquer dans la dispensation responsable et la prévention, référencer des produits moins polluants, orienter le parcours patient vers l’écoresponsabilité, communiquer auprès du grand public sur la démarche, favoriser les circuits de santé dédiés et réduire les déchets polluants (cartons, plastiques, papiers…) », explique Julien Marteau, en charge du projet ECOR® pour PHSQ.
Des actions concrètes qui concernent trois axes centraux pour les officines : l’organisation interne, la relation patients-clients et la gestion des déchets. Des mesures qui, « au quotidien, emportent facilement l’adhésion de l’équipe officinale car leur mise en œuvre n’engendre aucune lourdeur particulière », explique Thierry Roussin, titulaire à La Roche-sur-Yon (Vendée). Seule condition, selon ce pharmacien yonnais : qu’« au moins un membre de l’équipe soit convaincu du bien-fondé d’une démarche écoresponsable».
Mais pour Thierry Roussin cela ne pose pas de problème particulier car « les jeunes diplômés, qu’ils soient préparateurs ou adjoints, ont généralement une fibre écoresponsable ». Conséquence : l’engagement dans la labellisation ECOR® est souvent perçu favorablement par les membres de l’équipe officinale ; voire comme un argument managérial fédérateur pour les titulaires. Autant de raisons de ne pas négliger l’écoresponsabilité à l’heure où les officines peinent à recruter.
Un point de vue partagé par Marie Berna, titulaire à Fellering (Haut-Rhin). Cette jeune titulaire, qui a repris l’officine début 2023, a « tout de suite trouvé un soutien actif pour s’engager dans la labellisation ECOR® » auprès des trois pharmaciens et des cinq préparateurs qui composent son équipe. Avec à la clé « des mesures faciles à mettre en œuvre à la fois pour rationaliser les flux de commandes comme de déchets et pour économiser l’énergie ».
Forte de l’engagement de son équipe la titulaire felleringeoise n’a pas eu de mal à cocher toutes les cases du label. D’autant qu’avec son responsable ECOR®, ils ont pu « s’appuyer sur des réunions thématiques et toujours en visio, proposées par PHSQ, pour obtenir la labellisation ». Sans oublier le tchat mis en place par l’association pour permettre aux membres du réseau d’échanger utilement et de s’inspirer mutuellement.
Leur label en poche, et à l’instar des autres officines ayant obtenu la certification ECOR®, après une visite sur site, les deux titulaires vont pouvoir transformer leur engagement écoresponsable en axe majeur de pédagogie auprès du grand public, pour fidéliser et développer leur patientèle-clientèle. « Nous avons commencé à expliquer à nos clients-patients que la réduction de nos déchets nécessitait de supprimer les sacs en papier », explique ainsi Thierry Roussin. Une modification des habitudes parfaitement acceptée en Vendée, comme en Alsace où, Marie Berna est allée encore plus loin en proposant des « tote bags (sacs fourre-tout) en tissus pour un euro ».
A charge pour les pharmacies, dans la durée, d’approfondir leurs connaissances en matière d’écoresponsabilité afin de la transmettre aux patients-clients. Une évolution logique, puisque cette labellisation ECOR® est en cohérence avec l’écosystème de la santé qui tend vers une transition RSE et davantage de sobriété. Rien d'étonnant, dès lors, à ce que ces initiatives englobent toute la chaîne pharmaceutique des fournisseurs jusqu'aux patients. Marie Berna et Thierry Roussin, concèdent néanmoins qu’il sera « sans doute plus difficile de faire évoluer les mentalités des industriels encore trop souvent enclins à livrer des cartons à peine remplis ». Mais ils pourront toujours compter sur le soutien de l’assurance maladie car leur engagement dans le label ECOR® permet de valider les items nécessaires au versement d’une ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique) de 200€ pour leur engagement écoresponsable officialisée par la dernière convention pharmaceutique.