Plus le corps vieillit, plus des douleurs risquent d'apparaître. Les douleurs chroniques seraient ainsi quatre fois plus élevé après 65 ans, qu’entre 16 et 25 ans. Au point que chez la personne âgée, tout geste de la vie quotidienne peut se révéler potentiellement douloureux : lever, coucher, déplacement, habillage, montée et descente des escaliers, ramassage d’un objet au sol...
D'autant qu'avec l'âge les personnes âgées sont des sujets poly-pathologiques susceptibles de souffrir. En clair, le nombre croissant de pathologies est source de douleur et se développe au fil des ans. Sans oublier une autre source de souffrance liée à l'âge : les articulations porteuses qui sont souvent le théâtre de réelles douleurs. D’où la nécessité, pour limiter ce risque, de repérer dès leur apparition les premiers signes de douleur.
Or les personnes âgées sont souvent peu disertes sur leur souffrance. Selon une étude de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), « par impuissance autant que par pudeur, les personnes âgées se révèlent peu expansives sur leur état douloureux. Pour elles, l’important réside dans la faculté de supporter, d’apprivoiser la douleur par peur de l’excès de médicalisation. La douleur, même contraignante, est en quelque sorte nécessaire au maintien de l’autonomie, d’une vie encore active ».
Il faut donc observer avec attention les changements de comportement chez la personne âgée afin de déceler une éventuelle douleur. Le refus de se lever, de se laver, de se soigner ou encore de manger voire de communiquer peuvent en effet avoir pour origine une douleur. En clair, il ne faut surtout pas attendre la plainte et poser à la personne âgée la question de la présence d’une douleur.
Et bien évidemment, toute plainte doit être prise en compte. Enfin, en cas de troubles de la communication verbale chez la personne âgée, il faudra être vigilant et s'attacher à percevoir tous les signaux exprimés par le corps. sans oublier les modifications de comportement tels que les changements dans les habitudes de vie, les recours à diverses méthodes antalgiques, les attitudes et/ou mimiques inhabituelles, les comportements insolites ou encore les sautes d'humeur inaccoutumés.
Car quelle que soit leur origine, ces différents types de douleurs ont tous en commun de devoir être rapidement traités. A défaut, la douleur pourrait devenir un problème central. Mais ce repérage peur se révéler complexe, car la douleur n’est pas unique. Selon les spécialistes il conviendrait de distinguer plusieurs types de douleurs en fonction de leur origine, de l’organe ou de la partie du corps qu’elle toucherait, ou encore de leur mécanisme d’action (lire encadré). Mais, en tout état de cause, il faut toujours garder à l'esprit que les personnes âgées ont souvent tendance à banaliser la douleur et à faire preuve de résignation face à celle-ci sous prétexte qu'il serait « normal d’avoir mal quand on est vieux ».
La douleur n'est pas unique. Pour les adeptes de l'origine de la douleur, trois catégories de douleurs coexisteraient. La première, dite douleur procédurale, serait liée aux soins prodigués, tels qu’un pansement, une ponction ou encore une prise de sang.
La deuxième, dite douleur aiguë, découlerait d'un traumatisme, comme une lésion inflammatoire ou une atteinte tissulaire. Se manifestant souvent par une tachycardie, des suées, une élévation de la pression artérielle ou encore une anxiété, elle joue un rôle d’alarme pour notre organisme et lui permet de réagir et de se protéger.. Elle est de courte durée et disparait lorsque l’origine de la douleur disparait.
De douleur chronique à maladie chronique
Lorsque ce signal d’alarme devient une maladie en tant que telle, la douleur devient alors chronique. Il convient dès lors de distinguer d’une part, les douleurs inflammatoires - qu’elles soient d’ordre rhumatismales, viscérales ou bien liées à des pathologies cancéreuses ou artérielles - ; d’autre part, les douleurs liées à une lésion ou à une maladie affectant le système nerveux central, tels qu’un zona, un diabète ou encore un AVC (accident vasculaire cérébral) et enfin les douleurs liées à un dysfonctionnement des systèmes de contrôle de la douleur, telles que la fibromyalgie, la céphalée de tension, la colopathie « fonctionnelle » ou encore la cystite interstitielle.
Lorsqu’une douleur persiste au-delà de trois mois -durée attendue pour sa disparition-, elle perd sa signification de signal d’alarme. Elle peut alors évoluer en une maladie chronique caractérisée par des symptômes associés aux douleurs : troubles du sommeil, troubles anxieux et dépressifs, altération de la qualité de vie... Difficiles à traiter, les douleurs chroniques ont un retentissement important sur la qualité de vie et deviennent de "véritables maladies de la douleur".
Douleurs neuropathiques et douleurs psychogènes
Il convient enfin d'appréhender les douleurs chroniques en fonction de leur mécanisme. Ce qui revient à distinguer deux grandes familles: les douleurs neuropathiques et les douleurs psychogènes. Les premières sont généralement dues à une lésion du système nerveux périphérique -section d’un nerf, neuropathie diabétique- ou central -traumatisme de la moelle épinière, hernie discale- mais peuvent également être provoquée par une défaillance du système permettant de transmettre et de diminuer le message informant sur la douleur.
Les secondes sont liées à des troubles psychiques qui provoquent une sensation douloureuse en l’absence de lésion d’un organe. Dès lors qu'elles sont liées à une appréhension particulière, elles ont une dimension psychologique marquée.