Pendant la grossesse et après l’accouchement, le cœur et les artères sont particulièrement sollicités. Il est nécessaire de les surveiller attentivement et d’en prendre soin.
D’abord pour éviter les risques immédiats : on estime à 150 000 en France le nombre de femmes en âge de procréer, porteuses d’une maladie cardio-vasculaire. Elles ont un risque de complications important pour leur santé et celle de leur bébé, si elles ne sont pas correctement prises en charge.
Les complications cardio-vasculaires pendant la grossesse augmentent également le risque de développer ultérieurement une maladie cardio-vasculaire et en particulier après la ménopause et nécessitent une attention toute particulière à cette période.
A l’occasion de la Journée Mondiale du Cœur, le fonds de dotation Agir pour le Cœur des Femmes répond aux questions de toutes les femmes sur cette période importante de leur vie : avant la conception, pendant la grossesse et après l’accouchement, et tout particulièrement aux femmes ayant déjà une maladie cardio-vasculaire avant d’être enceinte.
Le corps a des capacités insoupçonnables d’adaptation physiologique pour permettre le développement harmonieux du placenta, nouvel organe vasculaire spécifique qui va permettre la croissance du bébé dès sa conception. « On estime que l’adaptation cardiaque à la grossesse est proche de celle des sportifs de haut niveau d’endurance », affirme le Dr Marjorie Richardson, cardiologue au CHU de Lille. « Très tôt au cours de la grossesse, la taille des cavités cardiaques augmente, les vaisseaux se dilatent, le cœur bat plus vite, pour assurer le débit sanguin croissant vers le placenta et le bébé. L’accouchement représente également un travail cardiaque supplémentaire en raison des contractions et des efforts d’expulsion, de la douleur, des saignements et de l’anesthésie. »
La grossesse, parfois un révélateur de maladie du cœur ou des artères
La grossesse n’est pas une maladie et va se dérouler normalement dans la grande majorité des cas. Néanmoins, l’augmentation du travail cardiaque qu’elle entraine peut venir aggraver une maladie cardiaque ou artérielle, jusqu’alors compensée, parfois même la révéler, le plus souvent au 3e trimestre, lorsque la sollicitation du cœur devient très importante. De plus, dans certains cas, le placenta, véritable organe nourricier, ne se développe pas correctement, ne permettant pas alors la croissance correcte du bébé avec aussi des conséquences parfois graves sur la santé de la mère.
« Les maladies cardio-vasculaires représentent la première cause de mortalité maternelle dans la plupart des pays occidentaux. En France, les résultats de l’enquête des causes de mortalité maternelle montrent que les hémorragies sont la première cause directe de mortalité tandis que les maladies cardio-vasculaires en sont la première cause indirecte» rappelle le Pr Claire Mounier-Véhier, cardiologue au CHU de Lille et cofondatrice du fonds de dotation Agir pour le Cœur des Femmes. « On estime à 150 000 le nombre de femmes porteuses d’une maladie cardiaque en âge de procréer en France. Ces patientes ont un risque multiplié par 15 de complications pour leur bébé et par 100 de mortalité pour elle-même, si elles ne sont pas correctement prises en charge ». (Roos-Hesselinck EHJ 2013 et 2019).
Un accompagnement indispensable
« Pour une femme porteuse d’une maladie cardio-vasculaire, se faire accompagner par son gynécologue, son médecin traitant et son cardiologue est essentiel pour mener à bien un projet de grossesse dans des conditions de sécurité optimales, conclut le Pr Geneviève Plu-Bureau, responsable de l’unité de gynécologie médicale de l’hôpital Port-Royal à Paris. Une contraception est conseillée en attendant le feu vert de l’équipe d’experts cardio-obstétricale afin de programmer la grossesse dans une situation clinique préparée et optimale pour la mère et l’enfant. »
Source
Pregnancy outcomes in women with cardiovascular disease: evolving trends over 10 years in -the ESC Registry Of Pregnancy And Cardiac disease (ROPAC). Roos-Hesselink J, Baris L, Johnson M, De Backer J, Otto C, Marelli A, Jondeau G, Budts W, Grewal J, Sliwa K, Parsonage W, Maggioni AP, van Hagen I, Vahanian A, Tavazzi L, Elkayam U, Boersma E, Hall R. Eur Heart J. 2019 Dec 14;40(47):3848-3855. doi: 10.1093/eurheartj/ehz136.
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