Le Collectif “HPV maintenant” dénonce le retard pris en France dans la mise en place du test viral HPV pour dépister le cancer du col de l’utérus.

HPV maintenant, le mauvais choix des pouvoirs publics

Par Rédaction -  Théragora

Théragora - www.theragora.fr - Théragora le 18 avril 2019 N° 20 - Page 0

Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus (DOCCU) vient d’être lancé en France, or il reste basé sur le frottis cervico-utérin (FCU). Pourquoi ne pas avoir positionné en première intention, le test HPV moléculaire, comme l’ont déjà intégré de nombreux pays ? Le récent Collectif “HPV maintenant” se mobilise pour dénoncer ce choix des autorités, contraire à l’intérêt de santé publique. Parce que la supériorité du test viral HPV sur le frottis a été prouvée scientifiquement, parce que les autorités en ont été informées et parce que 1 100 femmes décèdent encore chaque année de ce cancer alors qu’elles pourraient être sauvées, il est désormais urgent d’inverser la démarche actuelle et faire du test HPV, le pivot du dépistage organisé.  

 

 

 

Si le cancer du col de l’utérus fait toujours parler de lui, c’est que chaque année en France, 1 100 femmes en meurent encore et 3 200 nouveaux cas sont diagnostiqués1. Un cancer qui peut être éradiqué grâce à la prévention et au dépistage comme l’a souligné l’OMS à plusieurs reprises.  En prévention, grâce à l’augmentation du taux de couverture vaccinale. En dépistage, en positionnant le test viral HPV, en première intention à la place de l’actuel frottis cervico-utérin. Ainsi, plusieurs centaines de décès dus à ce cancer pourrait être évités.  De nombreux pays l’ont déjà bien compris, et ont modifié leur stratégie de dépistage en conséquence.
 

 

Des techniques différentes et complémentaires :

Le test HPV est une analyse moléculaire qui détecte la présence de virus HPV à haut risque, réalisé à partir d’un prélèvement vaginal.

Le frottis étudie au microscope les cellules prélevées au niveau du col de l’utérus et détecte des lésions pré-cancéreuses et cancéreuses. 

 

 

Ce cancer, dans 100% des cas, est lié à la présence du virus HPV, papillomavirus humain à haut facteur oncogène HPV-HR. Le test viral HPV utilise des techniques de biologie moléculaire qui peuvent diagnostiquer une infection à papillomavirus à haut risque. Selon l’étude Ogilvie HPV Focal2, sur 10.000 femmes, le test HPV, en première intention a permis de dépister un risque oncogène chez 32 femmes de plus que le frottis. 

Les institutions publiques reconnaissent la supériorité du test viral HPV sur le frottis, néanmoins en dépit des démonstrations d’efficacité et suite aux recommandations de l’INCA, la Ministre de la Santé a pris l’arrêté du 4 mai 2018 organisant le dépistage national du cancer du col de l’utérus3en gardant en dépistage primaire :
 le frottis cervico utérin (FCU). Ces deux tests sont très complémentaires, le test HPV en dépistage primaire pour sa sensibilité, le frottis moins sensible mais plus spécifique pour confirmer ou non le risque de cancer.

 

Une perte de chance caractérisée pour plus de 100.000 Françaises appelées à se faire dépister.
Le test HPV pourrait être mis à disposition d’ici 5 ans une fois définie la bonne organisation. Bien tard, pour les 60 % des Françaises dépistées par frottis. Avec le test HPV, 30 femmes de plus chaque jour pourraient être dépistées ce qui reviendrait à exposer 109 000 françaises à une perte de chance en 6 ans du fait du choix du FCU.

 

En France, un taux de participation au dépistage par frottis insatisfaisant  
Les recommandations en France proposent un dépistage de première intention par frottis cervico-utérin (dit FCU) tous les 3 ans entre 25 et 65 ans. Or, seules 57 % d’entre elles se font dépister chaque année. Ce sont les femmes âgées de plus de 50 ans qui manquent à l’appel : 48 % des 50-65 ans ne réalisent pas de frottis alors que ce sont celles qui sont le plus à risque (âge moyen diagnostic : 51 ans, âge de décès moyen : 64 ans). Chez les plus jeunes, elles sont 33 à 35 % à ne pas se faire dépister. Comment augmenter le taux de participation ?

 

Le test HPV, l’espoir d’une meilleure couverture ? 

Il est prescrit chez les femmes de 35 à 65 ans tous les 5 ans. Un examen simple qui peut aussi bien être réalisé par un professionnel de santé ou par la femme elle-même par auto-prélèvement vaginal.

Ainsi, pour les 47 % des femmes qui ne répondent pas à l’appel du dépistage, un kit d’auto-prélèvement pourrait leur être envoyé.

Saisissons dès à présent, toutes les chances d’être dépister à temps.

 

Qu’attend la France ?
L’Australie affirme qu’elle pourrait atteindre l’objectif d’une incidence inférieure à 4/100 000 dès 2028. Or, il s’agit du premier pays à avoir positionné le test HPV en test primaire dans le dépistage du cancer du col de l’utérus.

D’autres pays ont fait ce choix : l’Italie, la Belgique, l’Angleterre, la Suède, les Pays-Bas, la Turquie ont décidé d’adopter le test HPV en dépistage primaire et le frottis en complément si le test est positif. Ainsi la combinaison des 2 techniques permet d’obtenir une fiabilité de 98%.

Quant aux E.U. et l’Allemagne, ils ont fait le choix de faire du co-testing HPV + FCU.

 


Le collectif défend le premier modèle de dépistage validé par l’étude Ogilvie HPV Focal (test HPV en dépistage primaire puis FCU en triage des résultats positifs).

Face au scandale sanitaire qui secoue actuellement l’Irlande, les autorités ont fait le choix de passer le test HPV en dépistage primaire dès 2019. L’affaire Vicky Phelan à l’origine du scandale, met en cause une erreur du plan de dépistage national “cervical check” concernant au moins 221 femmes dont les résultats des frottis étaient des faux négatifs. Non dépistées à temps, plus de 17 d’entre elles sont déjà décédées.


En France, les décisions relatives aux choix du test d’un dépistage national reviennent à la Haute Autorité de Santé qui a le devoir de se référencer aux plus récentes recommandations de la Commission européenne en la matière (2015). Le Collectif “HPV maintenant” interpelle les autorités sur un extrait du cahier des charges, rédigé en 2015 par cette commission : « les preuves ci-avant démontrent que le test HPV en dépistage primaire peut produire de meilleurs résultats qu’un dépistage cytologique à condition que des protocoles et procédures efficaces l'accompagnent afin d’en optimiser l’impact et pour limiter les actes médicaux inutiles ». Le collectif cite également le Ministère de la santé dans sa réponse à la sénatrice Ferat publiée au JO du 20 février 2019 : « le test HPV a des performances supérieures au FCU dans un programme organisé à condition que le test soit réalisé à partir de l’âge de 35 ans, à intervalles de cinq ans ».

 


Après des alertes répétées, un Collectif se mobilise

Depuis 2015, le Syndicat des biologistes alerte les autorités de santé publiques. Ses tentatives sont restées vaines. Face à cela, des biologistes, des gynécologues et des patients ont créé un Collectif nommé “HPV maintenant” qui dénonce une très mauvaise appréciation du bénéfice/risque du maintien pendant plusieurs années encore d’un dépistage par le FCU qui a démontré ses limites.

Le Collectif en appelle à la responsabilité des décideurs ainsi qu’à la responsabilité des gynécologues et des professionnels de santé qui ont un devoir d’information du patient.


« Avec le collectif “HPV maintenant”, nous portons aujourd’hui une revendication clairement énoncée aux autorités de santé publique : la bascule du test HPV en dépistage primaire dans le cadre de l’actuel DOCCU en cours puis le frottis en triage des résultats positifs. Nous ne pouvons pas accepter la situation d’aujourd’hui alors qu’un simple calcul épidémiologique démontre que l’adoption du test HPV permettrait de diminuer par deux les cancers et pré cancers par rapport au FCU », déclare Richard Fabre, porte-parole du Collectif HPV maintenant.

 
Actuellement, les autorités publiques justifient le report à 5 ans de l’intégration de ce test HPV pour des raisons de délais administratifs nécessaires à leur organisation. Le Collectif explique qu’un an suffirait pour organiser cette bascule et remettre la France en accord avec son devoir de protection de la santé publique de la population.
 

Le Collectif “ HPV maintenant” !
Ce Collectif composé de médecins, biologistes et de patientes, se mobilise pour convaincre la Ministre de la Santé d’inscrire dès maintenant le test HPV en dépistage primaire dans le cadre de l’actuel dépistage national du cancer du col de l’utérus. Composé de 6 membres fondateurs : le Dr Richard Fabre, le Dr Carole Poupon et le Dr Geneviève Ferret, tous trois biologistes médicaux, le Dr Geneviève Daviaud, gynécologue, Mr Rodolphe Cochet, consultant en management de la santé et témoin, Mme Sylvie Dejoue, commerçante et témoin, ce Collectif s’est fixé 3 missions : informer le grand public sur la supériorité évidente du test HPV et lui donner les moyens de se mobiliser à ses côtés, sensibiliser les gynécologues, les médecins généralistes, les sages-femmes, les biologistes en charge de mettre en œuvre le DOCCU, et promouvoir toutes les actions qui vont dans le sens d’une éradication à terme des cancers gynécologiques et ORL, liés à la présence du virus HPV.

Pour plus d’informations et/ou pour vous engager aux côtés du Collectif HPV maintenant :
https://hpv-maintenant.fr/


 

 

Le Cancer du Col de l’utérus dans le monde et en France :
Il s’agit de la 4ème cause de cancer et de mortalité chez les femmes dans le monde. L’infection au virus papillomavirus est une des trois principales infections sexuellement transmissibles (IST) qui concerne la population générale et la première des IST virales. Très fréquent et bénin chez les jeunes femmes, le virus HPV est naturellement éliminé par 90 % d’entre elles en 3 ou 4 ans. En cas d’infection de plus de 5 ans, des lésions précancéreuses peuvent apparaître. 10 à 25 ans plus tard, sans prise en charge, un cancer invasif peut se développer.

Une femme meurt d’un cancer du col de l’utérus toutes les deux minutes, alors que nous avons les moyens d’éliminer ce cancer », déclarait le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS lors d’un discours4 en 2018.

En France, environ 3 000 nouveaux cas et 1 100 décès par an sont répertoriés pour ce cancer qui se diagnostique en moyenne à 51 ans. Depuis les années 2 000, un net ralentissement de la diminution de l’incidence et de la mortalité est observé comme si les efforts déployés en France étaient arrivés au maximum de ce que l’on peut en attendre avec les stratégies mises en place.

 

Références : 

1http://invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-chroniques-et-traumatismes/Cancers/Donnees-par-localisation/Cancer-du-col-de-l-uterus

https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2686793

https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000036877136&dateTexte=20180524
https://www.who.int/reproductivehealth/DG_Call-to-Action.pdf

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