La contraception est l’affaire de la femme
Faux. La conception exige la rencontre fécondante d’un ovule féminin avec un spermatozoïde masculin. La responsabilité incombe en toute logique au couple copulateur… Mais 64% des femmes préfèrent la maîtriser seule.1 Manque de confiance dans un partenaire inconséquent et cavaleur ? Certainement répond le Dr Thierry Harvey, gynécologue-obstétricien, à l’hôpital des Diaconesses (Paris) qui conseille de toujours rester sur ses gardes. Les jeunes générations étant éduquées au préservatif masculin, une demoiselle doit en avoir sous la main au cas où le partenaire aurait négligé de s’en procurer.
La contraception masculine n’existe pas
Faux… mais elle est réduite. La Haute Autorité de Santé (HAS) en admet trois : le préservatif masculin (contraception ponctuelle), la vasectomie (contraception définitive = stérilisation) et le retrait du pénis avant l’éjaculation spermatique dans le vagin (demande un très bon contrôle de l’orgasme et de l’éjaculation).2 Aucune méthode hormonale n’est validée. Il est recommandé d’associer préservatif masculin et contraception féminine lorsqu’il existe un risque infectieux lors des rapports sexuels. Attention, le préservatif limite bien les infections sexuellement transmissibles mais pas toutes. Le papillomavirus (HPV) se répand au-delà des parties génitales, sa contamination reste élevée avec ou sans préservatif. La vraie protection est le vaccin HPV recommandé depuis peu chez les garçons comme les filles par les autorités sanitaires.
Les choix contraceptifs féminins sont nombreux
Vrai… mais pas d’égale sûreté contraceptive.3 Les méthodes hormonales comprennent la pilule qui bloque l’ovulation (97-99% d’efficacité si correctement prise) en duo « estrogène + progestatif », ou en progestatif seul. Les anneaux vaginaux et les timbres cutanés (patch) sont des contraceptions hormonales réservées aux situations n’assurant pas la prise correcte de la pilule.
Les dispositifs intra-utérins (DIU) ou stérilets, au cuivre ou au lévonorgestrel, sont placés dans l’utérus pour plusieurs années (5 à 10 ans). Ils ont plusieurs tailles et formes pour s’adapter à tous les utérus (jeune fille ou femme n’ayant pas eu de grossesse, femmes ayant eu une ou plusieurs grossesses).
Les méthodes vaginales réclament de prévoir ses rapports sexuels et de maîtriser leur pose, seule ou à deux : tampons et gels spermicides, cape cervicale et diaphragme, préservatif féminin.
La surveillance de la température et l’abstinence temporaire nécessitent d’avoir des cycles réguliers pour être un peu efficaces. Elles sont déconseillées à l’adolescence et en périménopause car trop hasardeuses dans ces périodes de cycles irréguliers.
Enfin, la stérilisation féminine est possible selon un protocole légal précis.
Une contraception de longue durée se choisit avec un gynécologue ou une sage-femme
Vrai. Le gynécologue est au fait des derniers dispositifs et des dernières données sur leur bénéfice/risque pour une contraception durable, d’un an et plus. Ce large choix s’adapte à la demande spécifique et personnelle de chaque femme, insiste le Dr Harvey, car il est indispensable que la contraception soit parfaitement intégrée au mode de vie. Sinon elle ne sera pas ou inconstamment suivie ou tolérée.
Faute de gynécologue, il est désormais possible et conseillé de s’adresser à une sage-femme. Cette profession est habilitée à prescrire, poser et surveiller toute contraception féminine.
Pour les hommes, la consultation de l’urologue est utile pour s’informer de ce qu’est la « puissance » sexuelle, exposer ses éventuelles inquiétudes et éclaircir ce qui affecte la qualité du sperme quand on se préoccupe d’avoir des enfants.
La pilule exige de la discipline
Vrai. La prise d’une pilule contraceptive hormonale se fait à heure fixe pour être parfaitement efficace. Les combinaisons estro-progestatives laissent un peu de marge pour un oubli (10 à 12 heures de retard), mais pas les microprogestatives : la marge est de 3 heures seulement. Un retard de pilule permet une ovulation subreptice, avec le risque d’une grossesse si un rapport sexuel a eu lieu dans les 5 jours précédant l’oubli. À noter que des interactions médicamenteuses réduisent son efficacité quand le dosage hormonal est faible, même si elle est absorbée correctement.
Dans tous les cas, en plus de la contraception d’urgence, il faut prendre sa pilule en retard et prendre la prochaine pilule à l’heure dite, pour ne pas rompre le déroulement de la procédure et de la plaquette. En l’absence de règles suivantes, il faut faire un test de grossesse. La contraception d’urgence peut être à l’origine d’un saignement utérin qu’il ne faut pas confondre avec des règles.
La pilule est remboursée
Vrai et faux. Il y quatre générations de pilules contraceptives ; leur composition variée permet de s’adapter à chaque femme. Les 3e et 4e générations (microdosées) ne sont plus remboursées, ce qui freine leur prescription, alors que leur tolérance et leur efficacité sont bonnes si l’observance est stricte. Les autres méthodes hormonales sont l’implant progestatif sous-cutané (actif trois ans), l’injection intramusculaire de progestatif (active trois mois). Leurs risques, connus, nécessitent la consultation du médecin qui les apprécie selon la situation de la femme et son histoire. Leur pose réclame une formation minimale.
La pilule du lendemain n’est pas urgente
Faux. Contraception d’urgence, la « pilule du lendemain » au lévonorgestrel se prend tout de suite après un rapport non protégé, au mieux dans les 24 heures (un seul comprimé). Mais elle est encore efficace dans les 72 heures. Pour les pilules à base d’ulipristal le délai est de 5 jours. La volonté de réduire les grossesses imprévues justifie sa délivrance libre et gratuite en pharmacie aux adolescentes mineures. Les infirmières scolaires (collège et lycée) sont habilitées à la proposer.
La contraception d’urgence au lévonorgestrel peut donner des nausées en raison de la dose hormonale absorbée et de la tolérance hépatique de la femme. Certains médicaments abaissent son efficacité (anti-épileptiques), mais elle ne rend absolument pas stérile. Pour preuve les grossesses survenant parce qu’on se croît inféconde : une grossesse sur trois ne serait pas désirée ! Il faut se résoudre à une contraception durable si l’on a des rapports réguliers et qu’on ne désire pas de grossesse. Ne jamais oublier que tous les coïts sont possiblement fécondants chez la femme pubère et jusqu’à la ménopause.
Le stérilet rend stérile, c’est « écrit »
Faux. Le nom « stérilet » égare. Il vaut mieux parler de dispositifs intra-utérins (DIU), largement sous-utilisés par méconnaissance de leur action et de leur efficacité. Ils ne bloquent pas l’ovulation donc la conception : ils ne sont pas contraceptifs. Ils empêchent l’embryon de nicher dans l’utérus, donc la gestation, par inflammation locale : ils sont contragestatifs. Mais la prise d’anti-inflammatoires ne modifie pas leur efficacité.
Un DIU au cuivre posé aussitôt après un rapport sexuel est une contraception d’urgence (jusqu’à 5 jours après le rapport sexuel non protégé), mais il faut trouver un médecin expérimenté ou une sage-femme pour le poser.
Certains comportent du cuivre qui les rend spermicides, d’autres un progestatif à diffusion locale qui améliore la tolérance (moins de saignement) jusqu’à parfois ne plus avoir de règles.
L’allaitement est contraceptif
Faussement vrai. L’allaitement est sous la dépendance d’une hormone, l’ocytocine qui bloque l’ovulation. Mais cet effet est très variable : il ne faut pas compter dessus. Les femmes qui allaitent peuvent se protéger par des méthodes non hormonales locales : préservatif, DIU (stérilet le mal nommé), diaphragme, tampons spermicides, etc.
Références
1- Enquête d’opinion CCD/Opinion Way « Les Françaises et la contraception », réalisée du 19 au 23 Août 2019, auprès 1 003 femmes âgées de 15 ans et plus.
2- Contraception chez l’homme. Fiche mémo. HAS, juillet 2019.
3- Contraception. Recommandations pour la pratique clinique. CNGOF, 2018.