D’après un entretien avec le Docteur Benjamin Pradère, Président de l’Association Française des Urologues en Formation (AFUF), chef de clinique au CHRU de Tours et expert lors du chat. 

Rétention aigüe d’urine : quand la prostate conduit aux urgences !

- Théragora le 21 septembre 2018 /FL N° 13 - Page 0

 

 

Le 20 septembre, l’Association Française d’Urologie a reconduit son chat Facebook à destination des patients. Au programme de cette seconde édition : les maladies de la prostate, l’hypertrophie bénigne de la prostate et les complications mictionnelles. La rétention aigüe d’urine, urgence urologique, peut être l’une d’elles. L’AFU souhaite alerter le grand public. 

 

 

 

Rétention aigüe d’urine : la prostate en cause ?
 



Touchant principalement les hommes, la rétention aigüe d’urine (RAU) se caractérise par l’impossibilité d’uriner malgré la réplétion de la vessie. Elle entraîne une douleur vésicale et représente une urgence urologique qui nécessite parfois une hospitalisation.   
 
Une de ses causes principales est un obstacle sous la vessie : « la plupart du temps, c’est la prostate elle-même qui fait obstruction sur l’écoulement des urines au niveau du canal de l’urètre et suscite ainsi la rétention urinaire », explique le Dr Pradère. 
 
Généralement, cet obstacle prostatique est engendré par une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), c’est-à-dire la prolifération des cellules prostatiques de l’adénome. C’est pour cela que l’on parle parfois d’ « adénome de la prostate » pour désigner l’HBP. 
« Cette augmentation du volume de la prostate est naturelle chez l’homme », rassure le médecin : « il n’y a rien qui puisse la prévenir, c’est une conséquence de l’âge, après 50 ans ». Elle se traite donc lorsqu’elle entraîne une gêne concomitante, voire une urgence telle que la RAU.  
 
« Pour traiter la RAU, il faut d’abord gérer l’urgence, et donc le symptôme, grâce à une sonde vésicale qui draine les urines de la vessie vers l’extérieur. Il s’agit ensuite de traiter la cause. S’il s’agit de l’HPB, le traitement est soit médical, soit chirurgical. »
 
Les médicaments vont viser à favoriser la relaxation de la vessie pour la vider. En première intention, il s’agit d’alpha-bloquants, éventuellement complétés ensuite par des inhibiteurs de la 5-alpha réductase ou des extraits de plante. Ces traitements sont souvent proposés dès l’apparition des premiers symptômes des troubles du bas appareil urinaire. 
Si le traitement médicamenteux ne fonctionne pas, il faut alors opérer. La chirurgie consiste en la résection transurétrale de la prostate pour retirer le surplus prostatique, c’est-à-dire l’adénome. 
 
Si le diagnostic de la RAU est clinique et assez évident, sa survenue peut être anticipée par l’urologue car elle est généralement précédée par une rétention urinaire chronique. Pourtant, par manque d’information, les patients tardent à consulter et la prise en charge se fait de manière trop tardive. 

 

Consulter pour prévenir 


En effet, des années parfois avant l’urgence, apparaissent des symptômes annonciateurs tels que les troubles mictionnels de l’homme. « Concrètement, il s’agit de difficultés à uriner avec la sensation de mal vider sa vessie, un jet urinaire diminué, une durée de miction rallongée, voire une envie fréquente et notamment la nuit ». 
 
« Les patients ne connaissent pas ces troubles : souvent ils attendent le dernier moment pour consulter », déplore le Dr Pradère. « Pourtant la consultation permet de prévenir la dégradation de la situation, et ce, dès l’apparition des premiers symptômes... encore faut-il que les patients aient conscience de la nécessité de consulter ! C’est tout l’intérêt de communiquer autour de ces thématiques à travers le chat par exemple », conclut-il. 
 

En chiffres

300-500 ml : c’est la capacité vésicale normale. Lorsque l’on atteint cette capacité, on sait que la vessie est pleine. 
 
500-800 ml : malgré l’absence de consensus, c’est généralement ce volume que l’on retient pour évoquer la RAU. 
 
57 % chez les hommes âgés de 55 à 70 ans : c’est la prévalence de l’HBP. 1 patient sur 2 est donc porteur d’une HBP après 50 ans.

 

 

RAU, quand la prostate n’est pas responsable 
La iatrogénie est l’une des autres causes de la rétention urinaire (notamment en post-opératoire avec l’utilisation des morphiniques, mais aussi à cause d’anticholinergiques ou de médicaments utilisés pour troubles psychiatriques). 
Enfin, elle peut être engendrée par des troubles neurologiques (par exemple le défaut d’innervation chez les diabétiques : la vessie ne se vide plus parce qu’elle ne se contracte plus). Dans ce cas, la cause de la rétention ne vient plus de la prostate mais de la vessie elle-même.

 

 

Une campagne de sensibilisation digitale, pour alerter les patients sur la rétention urinaire 

La Journée Européenne de la Prostate est l’occasion pour l’AFU de diffuser un spot de sensibilisation sur le ton de l’humour, sur le web et ses réseaux sociaux. Réalisé par Grégory Sankara, il met justement en évidence les troubles engendrés par la rétention urinaire et la nécessité de consulter un spécialiste. 

Comme l’an dernier, l’objectif est donc de sensibiliser le grand public, et en particulier les hommes de 50-70 ans, principaux individus concernés et pour qui le sujet de la prostate reste malheureusement un tabou. 

 
 
Un chat pour évoquer les troubles de la prostate 


Ce chat Facebook mené le 20 septembre et a réuni plusieurs urologues de l’AFU spécialisés dans les thématiques de la prostate. Ensemble, ils répondront aux questions posées en ligne par les patients. 
L’an passé, le chat avait eu pour thème « Tout savoir sur le cancer de la prostate ». Cette année marque donc la volonté de ne pas restreindre la discussion au seul cancer. « Le format chat permet en effet à certains patients d’obtenir des réponses à des interrogations qui n’auraient peut-être pas suffi à les conduire jusqu’au cabinet médical », indique le Dr Castagnola, vice-président de l’AFU délégué à la communication.
 
Le dispositif de communication mis en place est identique à celui de l’année passée. Les experts de l’AFU répondront aux questions des internautes par des posts écrits, mais aussi par de courtes séquences vidéo. 

Outre le Docteur Pradère et le Dr Castagnola, les experts présents seront les Docteurs Thomas Bessede, Inès Dominique et Marc Géraud, accompagnés des Professeurs de la Taille, Gamé et Mongiat-Artus. 
 

 

Facebook, lieu de dialogue et d’éducation médicale pour les patients 


« Nous avons constaté au fil de nos lives [1] à quel point certains patients apprécient de poser des questions de manière anonyme, car les tabous sont ainsi levés », explique le Dr Christian Castagnola. « Le réseau social autorise une plus grande proximité avec les patients » qui, protégés par leur écran, se sentent plus libres de poser des questions. 
 
Outre la libération de la parole, ce live prostate vise donc à apporter des informations de base aux patients, tout en les invitant à s’adresser à leur médecin. 
« Facebook ne peut pas être un lieu de consultation », précise le Dr Castagnola. « Nous donnons les éléments de réponse les plus précis possibles, mais lorsque le cas est complexe ou que l’étude complète du dossier est nécessaire, notre mission première est de rediriger le patient vers une réelle prise en charge ». Le chat apparaît alors pour certains comme un facteur de déclic, d’autant que la discussion se termine parfois en privé. 
 
Un dernier avantage de Facebook est l’audience touchée. « D’abord, elle est nombreuse [lors du dernier événement, plus de 33 000 personnes avaient été atteintes], mais surtout, nous pouvons converser avec les proches des patients ».  C’est d’ailleurs l’un des intérêts clés de l’usage de Facebook selon le Dr Castagnola : les femmes y sont particulièrement présentes. « Or, le fait de cibler les femmes est important, car nous savons que les hommes sont de mauvais acteurs de leur propre santé », développe-t-il avant de compléter : « grâce à leur entourage féminin, ils sont alertés et conseillés. Les femmes insistent pour que leurs proches fassent attention à leur santé, en cela, elles sont souvent à l’origine de la consultation »

 
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