D'après une étude menée par Anne Giersch et son équipe de chercheurs (Unité 1114 Inserm/ Université de Strasbourg)

Schizophrénie : lien entre troubles de la personnalité et perception du temps

Par Rédaction -  Théragora

Théragora - www.theragora.fr - Année 2017 - Inserm, unité 1114, Anne Giersch N° - crédits iconographique Phovoir


Une récente étude menée par Anne Giersch et son équipe de chercheurs (Unité 1114 Inserm/ Université de Strasbourg) a permis de mettre en évidence une incapacité à percevoir et anticiper le temps qui passe chez certaines personnes atteintes de schizophrénie. Ces résultats, publiés dans la revue Scientific Reports, nous révèlent également un lien entre cette fragilité des capacités de prédiction temporelle et les troubles du « soi » (la perception que l’on a de soi-même, « je suis là, ici et maintenant »).

 


La schizophrénie est une pathologie psychiatrique concernant environ 0,7% de la population mondiale dont 600 000 personnes en France. Cette maladie, qui se déclare le plus souvent à l’adolescence entre 15 et 25 ans, peut être diagnostiquée grâce à deux aspects : des symptômes cliniques (hallucinations, idées délirantes, désorganisation, etc…) et des troubles cognitifs et neurobiologiques.


L'étude d'Anne Giersch de l’unité Inserm « Neuropsychologie cognitive et physiopathologie de la schizophrénie » située à Strasbourg, a permis de tester 28 patients souffrant de schizophrénie et 24 sujets sains. Les scientifiques ont cherché à mettre en évidence un lien entre la perception du « soi » et celle du « temps ». Ensemble, ces deux perceptions nous permettent d’appréhender notre expérience vécue dans le temps.


Dans un premier temps, l’équipe strasbourgeoise a mis en place un test cognitif pour analyser la prédiction temporelle de chaque sujet. Cette prédiction sert par exemple, à se préparer à appuyer sur l’accélérateur avant que le feu passe au vert. Plus largement, elle nous permet de lier des événements discontinus entre eux et d’atteindre un sentiment de continuité temporelle, indispensable pour une stabilité et une continuité de la vie subjective. Chez certaines personnes souffrant de schizophrénie, une fragilité des capacités de prédiction temporelle a été observée. En effet, lors du test cognitif, le passage du temps permettait de se préparer à répondre, mais certains schizophrènes n’en ont pas bénéficié.


Les patients ont par la suite été évalués à l’aide d’une échelle phénoménologique (étude des expériences rapportées par les patients), afin de détecter les troubles du « soi ». En effet, les troubles de la personnalité et la dissolution de la conscience de « soi » sont des symptômes fréquents de la schizophrénie. Ces derniers attribuent par exemple des actes ou des pensées à d’autres personnes qu’eux-mêmes, ce qui génère une confusion entre le « soi » et « l’autrui ». Les chercheurs ont ainsi observé que les patients qui souffraient le plus fortement d’un trouble du « soi » étaient les mêmes qui présentaient le plus de difficultés à bénéficier du passage du temps. Ces résultats renforcent donc l'hypothèse d’un lien entre anomalies de prédiction temporelle (troubles cognitifs) et troubles du « soi » (symptômes cliniques).
« La finalité sera de déterminer quelles sont les bases neurologiques de la prédiction temporelle. En étudiant la source du problème, nous pourrons mieux comprendre l’origine des symptômes cliniques de la schizophrénie. » conclut Anne Giersch.

 

Sources
Fragile temporal prediction in patients with schizophrenia is related to minimal-self disorders
Brice Martin1, Nicolas Franck1, Michel Cermolacce3, Agnès Falco1, Anabel Benair1, Estelle Etienne1, Sébastien Weibel2, Jennifer T Coull4, Anne Giersch2
1. Centre Ressource de Réhabilitation psychosociale et de remédiation cognitive, Hôpital du Vinatier Centre référent Lyonnais en Réhabilitation et en Remédiation cognitive (CL3R), UMR 5229 (CNRS), France
2. INSERM U1114, Pôle de Psychiatrie, Fédération de Médecine Translationnelle de Strasbourg (FMTS), Centre Hospitalier Régional Universitaire of Strasbourg, Université de Strasbourg, France.
3. Service universitaire de psychiatrie, Hôpital Ste Marguerite, 13000 Marseille
4. Laboratoire des Neurosciences Cognitives (UMR 7291), Aix-Marseille Université & CNRS, 3 Place Victor Hugo, 13331 Marseille cedex 3

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