La vitamine D

Par Dr Sophie Duméry -  Journaliste médecin

Théragora - www.theragora.fr - Année 2020 - Votre pharmacien vous conseille N° 156 - Page 0

La vitamine D est en réalité un précurseur de l’hormone finale active. Elle est synthétisée dans la peau en présence de rayons ultra-violets solaires. Elle est ensuite modifiée dans le foie pour devenir le 25-hydroxycholécalciférol [25(OH)D], qui doit encore être transformé par le rein en calcitriol [1-25(OH)D], hormone active dans tout l’organisme, dont les effets multiples ont engendré un grand enthousiasme… qui est un peu retombé.

 

 

Plus en détails

En fixant le calcium et le phosphore osseux, la vitamine D bétonne le squelette durant la croissance infantile et durant l’adolescence lors de l’inondation d’hormonale pubertaire. Ainsi se constitue la réserve osseuse de toute une vie. L’adulte avisé maintient son capital osseux en faisant du sport au soleil (tout en prenant garde à l’insolation) et en mangeant des aliments riches en vitamine D (poissons gras, jaune d’œuf, huile de foie de morue) et en calcium/phosphore. Ses effets hors de l’os sont multiples mais les données scientifiques, nombreuses, sont contradictoires, voire négatives. La vitamine D serait anti-cancéreuse et protégerait le cœur, abaisserait le risque d’AVC. Elle lutterait contre le déclin cognitif, garderait les muscles en forme et l’humeur au beau fixe. Mais ce qui est constaté en laboratoire est moins miraculeux dans la population. La santé ne repose pas sur une vitamine/hormone, ce serait trop beau ! C’est une hygiène globale.

 

Les risques de carence

On peut manquer de calcitriol actif en ne s’exposant pas assez à la lumière du jour (sédentarité, réclusion télévisuelle, domicile près des pôles) et/ou à cause d’une insuffisance hépatique et/ou d’une insuffisance rénale. Toutes ces conditions s’accumulent avec l’âge. En 2015 (étude ESTEBAN) « seulement un adulte sur quatre et trois enfants sur dix atteignaient un seuil adéquat de vitamine D. 

La prévalence de la carence en vitamine D concernait près de 7% des adultes et 4% des enfants et atteignait 13% chez les adolescents.  Ce seuil adéquat est de 20 ng/mL. Il vaut mieux se situer au-dessus (entre 30 et 70 mg/mL) pour l’Académie de Médecine qui souhaite qu’on dose la vitamine D plus souvent en cas de maladies invalidantes et chroniques. Seulement voilà… Les méthodes de dosages sont disparates ; on ne dose pas toujours la totalité : vitamines D3 « solaire » + D2 « alimentaire ». Enfin la vitamine D plasmatique ne serait pas un bon marqueur de son action réelle chez chaque individu selon certains empêcheurs de doser en rond.

 

Ne pas doser à tout va

Doser sans réflexion médicale revient très cher. Les sociétés savantes américaines dénoncent un marché exponentiel anxiogène, provoquant des intoxications par supplémentations délirantes, excès dont les Américains sont coutumiers. L’Assurance maladie en France freine des quatre fers avec le soutien de la Haute Autorité de Santé (HAS). Les experts du GRIO (Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses) proposent de doser une fois la 25(OH)D pour connaître le statut vitaminique, puis de supplémenter seulement les sujets objectivement carencés, et systématiquement ceux à haut risque que sont les plus de 65 ans, généralement très sédentaires.

 

Manger varié et bouger en plein air

C’est la solution idéale pour éviter la carence vitaminique D. L’apport quotidien recommandé est de 800 à 1000 UI (unités internationales), obtenu par une exposition solaire de 30 minutes/jour, plus pour les peaux noires. Côté nourriture, la table Ciqual de l’ANSES donne la composition détaillée des aliments : https://ciqual.anses.fr. Bien sûr, aucune supplémentation par complément alimentaire ne doit excéder les 1000 UI journalières !

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