Après une lutte de sept mois, qui a fait quelque bruit en Picardie, médecins et personnels de l’hôpital psychiatrique Pinel, à Amiens, ont arraché, le mot est approprié, la création, de 30 postes et la titularisation de 25 soignants. Une belle victoire, même si tous les problèmes sont loin d’être réglés, car malgré ces postes l’établissement manquera encore de personnel et de lits pour accueillir dignement les patients et leur assurer dans de bonnes conditions les soins.
Une situation qui ressemble à celle de bien les hôpitaux psychiatriques. Ce n’est pas faute pourtant d’avoir prévenu les pouvoirs publics. Depuis des mois, des années, le monde psychiatrique par des tribunes libres, des manifestations, parfois même des grèves de la faim, alerte le gouvernement et la population sur l’état délétère de ce secteur de soins, sa désagrégation, son déclin continu et dramatique.
Des alertes qui n’ont guère été prises en compte, si ce n’est par l’annonce en début d’année de la ministre de la santé de l’attribution d’une enveloppe de 50 millions d’euros. Un geste appréciable sans doute mais bien insuffisant. « Plus de 25 % des postes de psychiatres dans les hôpitaux ne sont pas pourvus », expliquait récemment dans Libération, un responsable syndical des médecins psychiatres. Dans ces conditions ces cinquante millions, promis par Agnès Buzyn, seront bien insuffisants, « tant la situation est tendue et dramatique », poursuivait-il.
La ministre qui doit ce jeudi annoncer de nouvelles orientations pour ce secteur d'activité ne doit pas décevoir au risque de désespérer encore un peu plus un monde qui ne comprendrait pas l’indifférence des pouvoirs publics à son encontre. Ce gouvernement n'est sans doute pas le plus fautif de cette situation car la crise ne date pas d’hier. Il n’empêche qu’il est aujourd’hui en première ligne et se doit d’agir.
Agnès Buzyn qui s’était engagée il y a quelques mois, à créer des postes d’infirmières en psychiatrie et à encourager des internes à s’engager dans cette spécialité, devra jeudi confirmer ces orientations et afficher de nouvelles ambitions si elle veut rassurer praticiens et professionnels de sante qui ne se contenteront pas bien longtemps de promesses.