Tout ce qui est excessif est contre- productif. Les experts de la Cour des comptes qui n'ont cure de ce principe viennent de provoquer, sans ménagement, dans leur dernier rapport sur l'assurance maladie, les médecins libéraux accusés de tous les maux. Il n'est pas certain que ce soit la méthode la plus efficace pour les convaincre de s'asseoir à une table de négociations.
Mais peu importe pour les « sages » de la rue Cambon, une dénomination peu appropriée en l'occurrence. L'important disent-ils est de dresser la situation telle qu'elle est et de proposer des solutions.
Des solutions, la Cour des comptes en émet effectivement. Mais trop drastiques, voire caricaturales pour être réellement réalistes. Sans doute faut-il réformer pour être plus efficaces, mais on y arrivera que très difficilement par la provocation.
En proposant de pénaliser systématiquement les médecins qui s'installeraient dans une zone déjà suffisamment dotée de praticiens, c'est à dire en s'attaquant à la liberté d'installation sans discernement ; en les contraignant à ouvrir plus tôt et plus tard, week end compris, leur cabinets, sans que l'on sache quelles en seraient les contreparties ; en préconisant un conventionnement sélectif , et une recertification obligatoire, et en mettant ainsi de coté sans le supprimer complètement croit on comprendre, le système conventionnel, les experts de la Cour des comptes ne peuvent que braquer une profession médicale qui a mis beaucoup d'espoirs dans la nomination d' Agnès Buzyn au ministère de la santé et qui peut ainsi s'inquiéter, voire de s'insurger..
Le fait que les pouvoirs publics soient restés bien silencieux depuis la publication de ce rapport montre toute leur réserve sur son contenu. Tout comme l'assurance maladie d'ailleurs. Les syndicats médicaux eux ne sont pas restés sans réactions tempêtant contre des propositions trop « déconnectées « de la réalité médicale, disent-ils.
Certes, explique un responsable syndical, la Cour des comptes a l'habitude de ces rapports quelque peu provocateurs qui ne trouvent gère leur application et qui ne se traduisent pas des mesures concrètes.
Il n'empêche que cette affaire n'arrange pas les pouvoirs publics ni le gouvernement ni l'assurance maladie qui veulent chacun à leur façon renforcer le dialogue avec la profession médicale et singulièrement avec les médecins libéraux.