Jean-Luc Fournival, président de l’Union des pharmacies de France (UNPF) regrette que le décret sur la préparation des doses à administrer (PDA) ne soit toujours pas paru

« Il faut du courage politique pour informatiser le circuit du médicament »

Par Stéphane de Vendeuvre -  Co-fondateur de Théragora

Théragora - www.theragora.fr

En tant qu’ancien pharmacien hospitalier et actuel officinal pensez-vous que l'informatisation du circuit du médicament soit réellement un progrès fondamental pour les établissements de santé ?

Dans le domaine de la santé et en particulier pour les médicaments, le maître mot est traçabilité. Dès lors l’informatique peut apparaître comme l’outil idéal pour sécuriser la dispensation et suivre au plus près le produit pharmaceutique afin d’être capable de remonter jusqu’à son producteur ou à l’inverse son destinataire final en cas de problème, tant à l’hôpital qu’à l’officine. Car ce qui est bon pour le patient à l’hôpital est tout aussi bon en ville, en matière d’observance et de limite du risque iatrogène. C’est à ce prix que les pharmaciens pourront répondre point par point aux exigences de qualité et éviter que des médicaments contrefaits puissent pénétrer la chaîne de soins. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de la sérialisation qui va permettre de suivre informatiquement non plus un lot de boites mais chaque boite de médicament.

 

Quelles sont les mesures nécessaires pour assurer une traçabilité irréprochable de la PDA ?

Dans le livre blanc que l’Union national des pharmacies de France (UNPF) a publié nous avons réclamé la mise en place systématique de techniques de traçabilité et de suivi de la prescription jusqu’à l’administration, telles que la photographie systématique du patient, du médicament et de la boîte ainsi que le scan des ordonnances afin de pouvoir les comparer et bien évidemment l’archivage de toutes ces informations et leur transmission à l’EHPAD. Il faudra en outre que les logiciels de planification puissent être contrôlés et contrôlables afin de pouvoir analyser le millefeuille thérapeutique et ainsi vérifier la justesse des dosages et les éventuelles interactions. Sans oublier des robots capables de s’autocontrôler à partir des informations collectées et conservées en mémoire pendant cinq ans. En cas de problème, un rapport d’intervention pourra ainsi être transmis à l’EHPAD. J’ajouterai que les politiques ne pourront être convaincus de l’intérêt de la PDA sans facturation à l’unité.

 

Dans la mesure où, selon le livre blanc de l’UNPF, que vous présidez, la préparation des doses administrées (PDA) automatisée, associée à un protocole de vérification physique et automatisé permettrait de réduire le taux de non-conformité des doses préparées de 15% à 2‰ et qu’appliquée aux maisons de retraite cette PDA pourrait générer 42,5 millions d’euros d’économies, quels sont, selon vous, les freins encore existants à sa mise en place en EHPAD ?

Les freins à cette évidence économique et sociale sont politiques. Et j’en veux pour preuve la non parution du décret sur la PDA qui à l’instar de bien d’autres textes - arrêté relatif à la convention cadre EHPAD–Officine, arrêté relatif aux bonnes pratiques de dispensation des médicaments - est bloqué par l’administration centrale faute de courage politique. Cette situation est d’autant plus regrettable que les directeurs d’EHPAD sont généralement ambitieux et favorables à la qualité et à la sécurisation industrielle. Malheureusement, à l’instar des directeurs de CCAS, qui aimeraient opter pour un process à même de renforcer l’observance et de réduire la iatrogénie, ils n’osent pas franchir le pas en l’absence d’un cadre réglementaire bien précis.

 

L’interfaçage des logiciels entre l’EHPAD et la pharmacie d’officine censés optimiser et sécuriser la transmission des prescriptions sont-ils aujourd’hui au point ?

Aujourd’hui, ces logiciels commencent à bien fonctionner. Mais c’est une évolution récente qui devra encore être améliorée pour être optimale ; dès lors que les éditeurs de logiciels accepteront de réaliser les investissements nécessaires à ces développements.

 

Comment envisagez-vous de surmonter les réticences des fabricants de logiciels de gestion de l’officine pour améliorer l’interopérabilité des systèmes informatiques ?

Seule la loi peut avoir cette efficacité. Il appartient donc au Législateur de définir un cadre strict dans lequel les éditeurs de logiciels devront s’inscrire. A défaut, d’un cahier des charges suffisamment précis quant aux informations à transmettre et au process à respecter, rien ne bougera et l’interopérabilité des systèmes demeurera un vœu pieu. A charge donc aux politiques de faire preuve de courage pour que la sécurisation du circuit du médicament soit optimisée…

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