Gare au stress au travail

Par Dr Sophie Duméry -  Journaliste médecin

Théragora - www.theragora.fr - Année 2020 - Votre pharmacien vous conseille N° 157 - Page 0

Les suicides et les épuisements attribués au stress donnent l’impression que l’espace de travail vire facilement à l’enfer. Ce n’est pas toujours le cas, mais il faut rester vigilant aux dérives dont personne ne prend réellement la mesure.

 

 

 

Dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (26 février 2019) le Pr William Dab rappelle que : « en vertu du contrat de travail le liant à son salarié, l’employeur est tenu envers celui-ci d’une obligation de sécurité de résultat ; le manquement à cette obligation a le caractère d’une faute inexcusable, lorsque l’employeur avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé le salarié et qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver ». L’expert s’alarme de la forte prévalence des signes dépressifs dans le monde agricole, liés au stress. Cette situation n’est pas propre à la paysannerie. Le stress est un risque psycho-social répandu. Dans son guide des risques psycho-sociaux (mars 2017), l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) place un indicateur en premier : l’absentéisme.

 

Absentéisme hautement révélateur

« Hors maladies ordinaires, les problématiques psychologiques représentent désormais la première cause des arrêts de travail (29%, dont 19% d’épuisement professionnel et 10% de troubles psychologiques) devant les troubles musculo-squelettiques (27%), » constate la société spécialisée Réhalto. Un rapport au Premier Ministre (janvier 2019) abonde : « Une partie des arrêts courts révèle, notamment par la nature des principaux motifs médicaux qui les justifient (troubles musculo-squelettiques, lombalgies, syndromes anxio-dépressifs), les rapports complexes que le salarié, dans sa dimension bio-psycho-sociale, entretient avec son travail et son environnement de travail, et qui se répercutent sur son niveau d’engagement et sa santé. » Délicatement dit.

 

Stress chronique ou la dévastation

Le stress lié au travail (« job strain ») se définit comme une forte demande psychologique associée à une faible latitude décisionnelle. En quelques semaines apparaissent douleurs (coliques, maux de tête, douleurs musculaires, articulaires), troubles du sommeil, de l'appétit, oppression, sueurs. Auxquelles s’ajoutent une hypersensibilité émotionnelle, nervosité, crises de larmes, angoisse, excitation ou tristesse, mal-être. Le stress durable perturbe la concentration intellectuelle entraînant erreurs et oublis, difficulté d’initiative et de décision, qui aggravent les difficultés professionnelles. Le recours aux « médicaments » est habituel : anxiolytiques, somnifères, stupéfiants, tabac, café, alcool… Dans la cohorte prospective Constances*, le stress au travail est associé à un risque doublé d’usage chronique de benzodiazépines pour les plus stressés.

 

Réflexion et accompagnement

Le stress au travail est d’autant plus à redouter qu’en temps de précarité professionnelle on s’astreint à encaisser pour gagner sa vie. Mais il est indispensable de prendre la mesure du risque à terme (voir encadré) et de se faire accompagner psychologiquement (consultation spécialisée, médecin du travail) et professionnellement (comité social et économique de l’entreprise, associations professionnelles). Une réflexion sur ses habitudes de travail, sur une mutation, un changement d’entreprise ou une reconversion, est nécessaire plutôt que d’y laisser des plumes…

 

 

Ce qu’on risque

Syndrome métabolique : hypertension artérielle, obésité abdominale, résistance à l’insuline et perturbations du métabolisme des lipides sanguins.

Maladies cardiovasculaires : infarctus du myocarde, AVC.

Troubles musculo-squelettiques (TMS) : membres supérieurs et dos, liés aux mouvements répétitifs, efforts physiques, postures inconfortables.

Dépression et anxiété : travail associant forte exigence psychologique et faible autonomie décisionnelle, absence d’aide des collègues ou de la hiérarchie. Gare aux tendances suicidaires !

Augmentation du risque d’accident du travail ou de trajet.

Apparition/aggravation de troubles hormonaux et de la fertilité ainsi que de la grossesse (prématurité).

* Surveillance épidémioglque de 200.000 adultes affiliés à la Sécurité sociale : www.constances.fr

Les entretiens de Théragora
Les robots s'imposent dans le bloc opératoire
Les robots assistants chirurgiens sont désormais très présents dans les salles d'opération des hôpitaux. Associés à l'intelligences artificielle et à la réalité virtuelle, ils ouvrent la voie à la chirurgie cognitive de quatrième génération.
Archives vidéos Carnet Le Kiosque Théragora Mots de la semaine Derniers articles en ligne
Contactez-nous

Théragora est le premier site d'information sur la santé au sens large, qui donne la parole à tout ceux qui sont concernés par l'environnement, la prévention, le soin et l'accompagnement des personnes âgées et autres patients chroniques.

contact@theragora.fr

www.theragora.fr

Suivez-nous et abonnez-vous sur nos 5 pages Facebook

Facebook Théragora
Facebook Théragora Prévenir
Facebook Théragora Soigner
Facebook Théragora Acteurs de ma santé
Facebook Théragora Soutenir

Linkedin Théragora