Depuis l’Antiquité, les cures thermales sont un traitement contre les maladies chroniques. Même sans pathologie particulière, on peut se remettre en forme dans des stations historiquement touristiques où le déconfinement prend tout son sens.
En raison de la pandémie Covid, les établissements thermaux n’ont été autorisés à réouvrir qu’au 19 mai dernier. Mais tous n’étaient prêts à accueillir du public à cette date, car des mesures protectrices s’imposent. Pour connaître les dates d’ouverture rendez-vous sur le site www.lescuristes.fr dans l’onglet Covid-19 qui donne les informations les plus récentes. Doit-on craindre de s’y rendre ?
L’Académie de médecine a donné son avis sanitaire sur le risque infectieux (voir encadré) et les établissements thermaux ont mis en place des procédures rigoureuses.
La profession se diversifie vers le bien-être et la remise en forme, et adapte son offre médicale pour rentabiliser ses compétences contre les maladies chroniques. Ces compétences reconnues par l’Assurance maladie permettent la prise en charge des cures médicales sous conditions (voir plus bas). De son côté l’Association française pour la Recherche thermale (AFRETh) les assoit sur des études scientifiques.1
Tradition et soutien psychique
Les villes d’eaux souhaitent faire valoir autant leur charme que leurs eaux de sources. Prendre les eaux, c’est déjà un voyage hors d’une vie quotidienne dont la pandémie Covid a aggravé la dureté. Face à la dégradation de l’état mental de la population, les régions à forte tradition thermale s’attachent à démontrer que le tourisme local multiplie les bienfaits de la crénothérapie, autre nom de la médecine par les eaux de source thermale. La détente dans des installations pensées pour distraire et libérer l’esprit des soucis triviaux favorise l’efficacité des eaux thermales puisque l’humeur (état biochimique cérébral) influe nettement sur la régénération cellulaire et sur l’immunité.
Le Dr Olivier Dubois, médecin psychiatre, directeur des Cliniques psychiatriques et des Thermes de Saujon (Nouvelle Aquitaine) spécialisés dans la prise en charge des troubles anxieux et des syndromes d’épuisement (burn out) s’alarme de l’état des Français. « La dépression est une conséquence assez fréquente et grave des confinements prolongés et répétés, comme le révèle une méta-analyse de 1366 articles publiée par le Lancet à propos de dix pays. Cette revue montre que le risque d'un stress post-traumatique, autre complication secondaire au confinement est d'une durée de trois ans après l'évènement. À Saujon, nous avons accueilli entre les deux confinements de 2020, près de 2 000 curistes. Nous avons constaté l'étendue des dégâts psychiques liés au Covid. »
Douze spécialités médicales
La médecine thermale est une très ancienne thérapie dans plusieurs spécialités médicales : rhumatologie, voies respiratoires, gynécologie, phlébologie, neurologie, maladies cardio-vasculaires, affections psycho-somatiques, affections urinaires et maladies métaboliques, affections digestives et maladies métaboliques, troubles du développement chez l'enfant, dermatologie et affections bucco-linguales.
La carte des stations thermales qui les traitent est accessible par internet sur le site de La Médecine thermale (www.medecinethermale.fr). On peut y repérer celui qui convient le mieux à sa pathologie selon sa proximité.2.
Face à la déferlante de l’obésité par exemple, la cure thermale a sa place. Le Pr Jean-Michel Lecerf (nutrition, endocrinologie, maladies métaboliques, CHRU Lille) le dit dans son livre « Le surpoids c’est dans la tête ou dans l’assiette ? » : elle freine l’évolution pathologique en agissant sur le patient. La cure l’empêche de replonger dans la spirale des kilos. Mieux vaut répéter les cures plusieurs années, car le patient y trouve l’aide pour se prendre en charge.
Ce constat est aussi vrai chez les patients arthrosiques. La répétition des cures permet de limiter ou de se passer des médicaments anti-inflammatoires. Le soulagement ressenti est la première raison du renouvellement d’une telle cure. Mais qu’en pensent les autorités scientifiques telle que l’Académie de Médecine ?
Efficacité reconnue, par les patients
En 2016 les Prs Christian-François Roques et Patrice Queneau (membres de l’AFRETh), faisant un point scientifique de l’efficacité des cures thermales contre l’arthrose, les lombalgies chroniques et la fibromyalgie, notaient un effet analgésique (anesthésiant) positif et appréciable.3 Ils regrettaient le faible nombre de patients dans les études, en raison de la cherté de tels essais cliniques, et souhaitaient que plus de moyens d’investigation y soient consacrés. Les curistes, eux, sont satisfaits. Dans une enquête de 2009 auprès de 112.418 d’entre eux, 71% ressentaient une amélioration pendant au moins 6 mois ; et 95% pensaient que la cure était aussi efficace ou plus efficace que les médicaments !4
Pour répondre à l’exigence scienfitique, l’AFRETh investit un million d’euros par an dans la recherche : en 2020, 18 études cliniques étaient déjà faites et 6 en cours. Un investissement destiné à explorer de nouvelles compétences et développer de nouveaux formats de cure thermale. Avec un ciblage particulier de la prévention sanitaire et l’éducation thérapeutique du patient, notoirement sous-développées. Ces programmes complètent les soins thermaux proprement dits.
Prise en charge par l’Assurance maladie
Le coût d’une cure dépend du nombre et du type de soins. On en trouve le détail sur le site de La Médecine Thermale, ainsi que les différentes cures conventionnées qui nécessitent la prescription par un médecin, traitant ou spécialiste, dans le cadre des douze domaines thérapeutiques, définis par la Sécurité sociale (voir plus haut).5
La procédure passe par un formulaire de prise en charge à remplir conjointement par le patient et le médecin, où figurent la station préconisée et les conditions médicales requises. Le patient l’envoie à sa caisse d’Assurance maladie qui doit répondre dans les 30 jours, sinon la cure est réputée acceptée au remboursement. Mais celui-ci ne peut dépasser 18 jours par an en une seule cure. Ensuite c’est au patient de prendre contact avec l’établissement thermal.
Covid et thermalisme
Dans son avis du 12 mai 2021 l’Académie de Médecine reconnaît le bon respect des protocoles sanitaires par les établissements thermaux mais note quelques cas de Covid 19 chez une trentaine de curistes et une dizaine d’agents thermaux, sans aucun foyer (cluster en anglais).6 Outre les mesures barrière et protocoles particuliers aux thermes, elle insiste sur :
1- la vaccination de tout curiste contre la Covid-19 (au moins une dose) avec un certificat de vaccination à l’arrivée dans l’établissement thermal. Ou bien un test de dépistage par RTPCR négatif de moins de 48 heures. Le personnel des thermes étant assimilé aux professionnels de santé, il sera bientôt obligé de se vacciner.
2- la distanciation physique dans les piscines collectives (2 m) et les soins individuels doivent avoir des séparations matérialisées.
3- le traitement de l’air : renouvelé, purifié sur rampe UV. Avec la mesure régulière du taux de CO2 dans les salles pour procéder au renouvellement correct de l’air.
Références
1- Association française pour la Recherche thermale (AFRETH) : www.afreth.org
2- Repérer son établissement : www.medecinethermale.fr
3- Bull. Acad. Natle Méd., 2016, 200, no 3, 575-587, séance du 22 mars 2016.
4- Presse Therm Climat. 2009 ;146:75-83.
5- Comment procéder ? www.medecinethermale.fr/curistes/en-pratique/beneficier-dune-cure-thermale.html
6- Communiqué de l’Académie nationale de médecine « Cures thermales et Covid-19 », 5 juin 2020
