Madame,
Par ce courriel nous souhaitons vous sensibiliser à la cause des personnes dépendantes, handicapées et de leurs accompagnants dits « les aidants ».
Nous pensons que les solutions existent pour aider toutes ces personnes en souffrance, et cela sans augmenter les dépenses publiques.
Tout d’abord, qui sont-ils ces aidants, ces dépendants, ces handicapés dont on parle tant, souvent de façon approximative voire erronée ?
Selon les données officielles, que vous connaissez, il y a en France 8,3 millions d’aidants familiaux (4,3 pour la dépendance, 4 pour le handicap) qui consacrent leur vie ou une partie de leur vie à aider un proche en situation de handicap, malade ou dépendant.
La Dépendance concerne 1,2 millions de personnes âgées de 60 ans ou plus.
Le handicap concerne 12 millions de français.
Selon l’INSEE, parmi ces 12 millions de Français, 80% ont un handicap invisible, 1,5 million sont atteints d’une déficience visuelle et 850 000 ont une mobilité réduite.
Madame, nous avons en France plus de 13 millions de concitoyens en situation de dépendance ou de handicap, auxquels s’ajoutent plus de 8 millions de Français aidants.
Depuis plus de 3 ans le site de l’Association France Dépendance a accompagné, gratuitement, 141.000 personnes (cf. Google Analytics joint) et plus de 1000 personnes en direct.
Pour illustrer nos propos sur la détresse que vivent ces personnes, je vous prie de trouver un exemple de mail que nous recevons quotidiennement.
Date: 6 février 2019 à 17:55:33 UTC+1
Destinataire:contact@francedependance.org
Objet: aidant
Bonjour, j’ai besoin de vos conseils. Je suis aidant de mon conjoint qui a fait un AVC il y a deux ans et je suis en même temps salariée en milieu hospitalier. Je voudrais avoir des conseils parce que c’est épuisant et je dois aussi gérer mon fils de 18 ans [ ….]Parfois pour ne pas sombrer je me mets en arrêt de maladie[…] Arrêts pas toujours appréciés par mon chef au courant de ma situation […]Enfin, bref, je n’en peux plus. On favorise le maintien à domicile mais à quel prix […]. Mon numéro c’est […] Il y a peut-être des textes de loi ou des aides que je ne connais pas.
Madame, l’Association France Dépendance, face au désarroi du malade et de sa famille, a décidé d’apporter des réponses pragmatiques aux questions quotidiennes que se posent ces 20 millions de Français. Comment s’organiser ? Qui contacter ? Quels sont les relais institutionnels ? De quelles aides peut-on bénéficier ?….
Notre Association sans dons, sans legs, sans dotations ni des collectivités, ni de l’Etat,…… avec les seuls deniers de son Président et de quelques amis et bénévoles, a pu aider ces personnes, plus de 140.000 en trois ans, dans leurs démarches administratives et dans leurs relations avec les organismes publics, première source d’épuisement et de stress pour l’aidant.
Aussi nous pensons que le principal problème de cette prise en charge n’est pas budgétaire mais organisationnelle.
Comme vous le savez, pour ne citer que cet exemple dans ce courriel, la politique en faveur des personnes âgées en perte d’autonomie est conduite par l’Etat avec pas moins de 3 directions au sein du ministère de la santé et des affaires sociales, l’assurance maladie et la Caisse Nationale de Solidarité pour l’autonomie, les agences régionales de santé et les collectivités locales. La Cour des Comptes, dans l’un de ces rapports, note que : « la difficulté la plus notable reste cependant moins celle de la redondance des interventions que la concurrence latente entre ces directions d’administration centrale». Au niveau local, la Cour des Comptes souligne la faible coordination entre les organismes de sécurité sociale et les départements pour permettre aux personnes en perte d’autonomie de bénéficier de l’Allocation Personnalisée Autonomie qui permet de couvrir une partie des frais d’aides à domicile, à la charge du dépendant ou de sa famille.
Pour réussir votre réforme sur la dépendance, nous pensons que vous devez alléger ce mille-feuille administratif qui n’est pas adapté aux besoins des personnes dépendantes, handicapées, aidantes.
Madame la Conseillère Solidarités et Santé auprès du Président de la République, la multiplication de ces structures administratives nous coûte « un pognon de dingue », sont confusantes et maintiennent le quidam dans un labyrinthe ou chacun ne peut que se perdre.
Parce qu’il y a urgence, nous pensons que cette réforme sur la dépendance doit permettre une réforme globale. Nous pensons que l’ensemble des mesures à prendre que nous avons identifiées peuvent se réaliser tant pour répondre aux besoins des aidants, des dépendants et des handicapés sans que cela est un coût supplémentaire pour les finances publiques.
Ces solutions que nous avons éprouvées durant ces 3 années auprès d’une cible significative nous sommes prêts à les partager avec vos services.
Dans l’attente, nous vous prions d’agréer, Madame la Conseillère Solidarités et Santé auprès du Président de la République, l’expression de notre très haute considération
Association France Dépendance-24/02/2019