L’affaire ne se présente pas très bien. Le projet de loi sur la fin de vie (cf article Théragora du 13 mars dernier) doit être examiné par une commission spéciale composée de 71 députés de toutes tendances. L'initiative est loin de recueillir l'assentiment de toutes les parties concernées. En fait, en précipitant ainsi les événements, le Président de la République et le gouvernement s’attirent les critiques sévères non seulement de l’opposition mais aussi, ce qui est sans doute plus grave, d’une grande partie du monde de la santé. Des professionnels qui crient souvent à la manipulation. D’autant qu’il n’est pas prévu que cette fameuse commission spéciale les consultent ou les auditionnent.
Preuve de cette colère, la lettre que ces professionnels ont écrit à la présidente de la commission – l’ancienne ministre déléguée à la santé Agnès Firmin Le Bodo - et aux rapporteurs. Cette lettre, dont le Figaro a publié de nombreux extraits, fait part de l’ « incompréhension » des signataires devant cette décision les ignorant. Pourtant, s'insurgent-ils,« les soignants que nous représentons seront les premiers concernés par ce projet de loi ». Et de fait, on a du mal à comprendre pourquoi les députés de cette commission semblent vouloir ignorer les oncologues, gériatres, infirmiers et autres soignants alors que ces professionnels sont confrontés presque quotidiennement, pour beaucoup d’entre eux, si ce n’est tous, à la fin de vie et au droit à mourir.Deux thémes essentiuels et combien sensibles, qui seront au coeur de la loi.
Mais il est évident que le gouvernement veut aller vite. C'est l’impression qui se dégage aujourd’hui. Ainsi, après un passage en commission, le texte devrait être débattu en séance devant l’hémicycle le 27 mai, avant un vote dans la première quinzaine de juin. C'est-à-dire demain ou presque. Même s’il est vrai qu’il y aura plusieurs allers retours entre l’Assemblée et le Sénat, tant le sujet est sensible et dépasse les clivages politiques habituels, on est surpris de cette précipitation. D’autant que ces questions de la fin de vie et de l’aide à mourir, surgissent périodiquement dans l’actualité depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée, il a maintenant sept ans. « Pourquoi se presser maintenant, ironisait un député du groupe des Républicains lors d’un récent débat. A l’approche du scrutin européen, cela sent l’arnaque ». On n’ira pas jusque là. Ce qui n’empêche que l’on s’interroge.