« Le numérique a profondément changé nos vies et les perspectives qu’il offre, à la fois pour mieux prendre en charge les patients et pour faciliter le quotidien des soignants, laisse augurer de son usage croissant dans notre système de santé. » En ouverture de la neuvième édition du salon City Healthcare, la présidente de l’Agence du numérique en santé a d’emblée posé le cadre : la e-santé est appelée à prendre une place de plus en plus importante dans notre quotidien.
Un quotidien en réalité dual, puisque la numérisation de la santé bénéficiera à la fois aux patients et aux professionnels de santé ; voire aux acteurs médico-sociaux. Trois parties animées par le même but : vivre en bonne santé. Et donc sensibles à toutes évolutions technologiques à mêmes de leur permettre d’atteindre cet objectif.
Rien d’étonnant dès lors à ce que le salon City Healthcare ait connu un record d’affluence pour cette deuxième édition nantaise, après sept années passées à Nancy. Bien que les organisateurs aient choisi d’organiser cette Grand messe sur une seule journée, le cap du millier de visiteurs a été allègrement franchi cette année. Associations de patients, professionnels de santé, étudiants, chercheurs, financeurs, industriels, entrepreneurs, startupers, pôles de compétitivité, autorités de santé, collectivités territoriales, établissements sanitaires et médico-sociaux… Tous avaient fait le déplacement sur les bords de Loire pour échanger et partager leurs expériences dans la e-santé.
Car le programme avait de quoi séduire. En décidant d’organiser au sein du congrès un colloque sur les essais cliniques et un autre sur la télésurveillance, les organisateurs de City Healthcare délibérément ont fait un choix ambitieux. Pas moins de vingt conférences ont ainsi permis à chacun de brosser un tableau de l’existant et d’expliquer les usages et les initiatives qui se développent dans les territoires.
Un « Tableau des Tiers-lieux d’expérimentation en santé numérique de l’Ouest » et un « Panorama de l'IA en santé dans l'Ouest » ont ainsi pu être présentés. Un peu plus tard, « Un état des lieux de la e-santé » ainsi qu’une « Cartographie de l’innovation en santé numérique en Pays de la Loire et en Bretagne » ont également été dressés. Sans compter que tous ont eu l’occasion lors de conférences-débats de partager leurs expériences à la fois à l’hôpital, avec par exemple « S’aider du numérique pour développer les innovations en santé mentale et en psychiatrie » ; en ville avec « La révolution du digital en officine » et en même temps dans ces deux univers, avec une table ronde « Libéraux, établissements de santé, s’entendre sur le DMP » et avec un débat riche d’enseignement : « Quand l'IA s'invite dans la santé, à l'hôpital et à la ville ».
Autant d’occasions de mieux comprendre l’intérêt de la e-santé au travers d’exemples concrets. L’opportunité également d’appréhender les concepts d’intelligence artificielle et d’éthique en santé en cernant plus précisément « le potentiel de l’utilisation secondaire des données de santé ». Des objectifs qui font partie de l’ADN même de ce salon fondé par Isabelle Margo, en 2016. « City Healthcare a depuis son origine pour ambition de favoriser les échanges et les rencontres entre les acteurs du numérique en santé de tous horizons afin d’améliorer la compréhension des enjeux de demain et de contribuer à l’émergence de nouveaux projets », explique cette ancienne journaliste à l’origine du salon.
Un champ d’action particulièrement étendu, puisqu’il concerne à la fois les acteurs libéraux et hospitaliers, institutionnels et académiques ainsi que les patients, les étudiants et les industriels. Et pour ces derniers, l’enjeu est d’autant plus important que « Le numérique peut accélérer les essais cliniques en France ». Ce colloque organisé en partenariat avec l’Agence de l'innovation en santé et l'infrastructure de recherche clinique F-CRIN, a d’ailleurs démontré combien les données de santé et l’intelligence artificielle qu’elles alimentent sont essentielles dans la mise au point de nouveaux produits et de nouvelles technologies.
Un enjeu bien identifié par les organisateurs de City Healthcare qui ont cherché à mettre l’accent, cette année encore, sur l’innovation en santé et ses impacts sur le patient. Des sujets au cœur de l’actualité et de la préoccupation tant des professionnels de santé que du grand public ont ainsi été abordés telles que la notion de responsabilité en cas de recours à l’intelligence artificielle.
Le règlement européen sur l'intelligence artificielle (AI Act) qui sera pleinement applicable à partir du 2 août 2026 vise en effet « à instaurer un équilibre entre les exigences liées à l’innovation technologique et la sécurité des patients » a par exemple expliqué Me Anne-Sophie Viard Cretat, Avocate, Barreau de Nantes. Une évolution qui ne devrait pas pour autant remettre en cause la notion de responsabilité pour faute, en vigueur dans le monde de la santé.
Un particularisme qui nécessitera néanmoins de poursuivre la sensibilisation des patients à la notion même de propriété des données de santé. Et de former les étudiants et les professionnels de santé aux exigences du numériques et en particulier à la cybersécurité ; d’autant que la directive NIS 2 (Network and Information Security) va permettre d’augmenter le niveau de cybersécurité des acteurs majeurs du tissu économique national et du secteur public. Autant d’enjeux que les territoires du Grand Ouest ont d’ores et déjà relevé et en particulier la French Care Pays de La Loire avec des projets qui seront sans conteste présentés à l’occasion des dix ans de City Healthcare.