Le pharmacien au cœur de la filière « Silver économie »

Par Stéphane de Vendeuvre -  Co-fondateur de Théragora

Théragora - www.theragora.fr

Développer le marché de la Silver Economie nécessite d’identifier les besoins spécifiques des différents segments qui varient selon l’âge et donc selon que le destinataire est une personne autonome, une personne fragilisée ou une personne en grande fragilité. Trois cas de figure où le pharmacien est appelé à jouer un rôle central et que le Giphar entend bien développer.

Il faut garder à l‘esprit que le marché de la « Silver économie » répond à un changement de paradigme : passer de la volonté de «vivre le plus longtemps possible » à « vivre le plus longtemps possible en bonne santé », explique d’emblée Jérôme Arnaud, secrétaire général de Silver Valley. En clair ; il convient désormais de donner de la vie aux années et non plus des années à la vie.

Les acteurs de la filière silver éco doivent donc avoir à l’esprit que « Nous sommes passés de la volonté de laisser à ses enfants de quoi devenir propriétaire (ou agrandir leur patrimoine immobilier) au souhait de chercher à ne rien leur coûter de son vivant ». Il convient dès lors d’anticiper les coûts des successions, de rendre son patrimoine liquide, de s’assurer contre des risques de dépendances couteuses.

 

Estomper les frontières

De même faut-il ne pas oublier que « nous sommes passés d’un besoin de système de santé autour de l’hôpital/médecin à un système de santé/bien-être centré sur la personne âgée ». Il apparait dès lors logique que les frontières entre le médico-social et le sanitaire doivent s’estomper… et que le pharmacien est appelé à jouer un rôle central dans le maintien à domicile et l’hébergement spécialisé.

D’autant que la silver éco va bien au-delà de la seule dispensation de matériel adapté, puisqu’elle concerne à la fois l’assistance, les loisirs, la santé, le confort avec des vêtements adaptés, l’habitat, les services à la personne, la distribution, la nutrition… A charge donc pour les pharmaciens de trouver leur place…

 

Maillon essentiel

Pour autant qu’il souhaite jouer un rôle de premier plan dans la prise en charge des personnes âgées, le pharmacien d’officine se doit de respecter un certain nombre de préalables à mêmes de garantir la qualité de son offre. C’est tout l’enjeu du « label Haute sécurité santé » (HS2®), mis au point et promu par la vice-présidente de la société française des technologies pour l’autonomie et de gérontechnologie (SFTAG), Ghislaine Alajouanine.

Destinée à favoriser le maintien à domicile des personnes fragilisées ou leur accueil dans des logements neufs ou rénové, « la démarche HS2® apporte une réponse structurée, progressive, collaborative aux exigences du développement durable et de la responsabilité sociétale (RSE) », explique Ghislaine Alajouanine. S’inscrivant dans la continuité du « label haute qualité environnementale », qui s’attache à valoriser l’empreinte environnementale d’un bâtiment, la démarche HS2® englobe de façon pragmatique et transversale les multiples normes existantes (ISO 26000, ISO 14001, ISO 27001, OHSAS18001…). « Centré sur la personne, le label HS2® évalue ainsi l’adéquation d’une offre par rapport aux besoins d’une personne vieillissante ou en situation de vulnérabilité », précise encore la présidente du Haut conseil français de la télésanté.

 

Enjeu sociétal

Une démarche qui répond donc précisément aux attentes des pharmaciens engagés dans la prise en charge des personnes âgées et assure, dans le même temps, les patients de la qualité des services proposés dans l’officine certifiée/labélisée. C’est un enjeu fondamental pour les financeurs (complémentaires, caisse de retraite…) car un investissement pertinent – évalué à 10 000 € - sur le lieu de vie des personnes fragilisées peut leur permettre d’y demeurer cinq à six ans de plus », explique Ghislaine Alajouanine.

Et d’ajouter : « Dans la mesure où seulement une personne sur dix est actuellement capable d’assumer le coût de la dépendance d’un proche, cette démarche HS2® est donc aussi un enjeu sociétal ». A charge dès lors aux pharmaciens de se doter des outils nécessaires et en particulier numériques pour disposer des informations / données nécessaires au suivi de leurs patients et donc à l’amélioration de leur bien-être.

 

Offre dédiée

Un préalable indispensable, selon Benjamin Zimmer, directeur général de la filière Silver éco, pour « passer d’un modèle hospitalo-centré à un modèle domestico centré ». L’occasion, en clair, de décloisonner le système à la fois entre les professionnels de santé et entre les sphères sanitaire et médico-sociale, comme la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) aspirait à le faire. Cette démarche s’inscrit en outre dans une logique industrielle classique où le consommateur paye le produit et en attend donc en retour à la fois du plaisir et de l’utilité.

C’est dans cette perspective, que la Sogiphar a totalement repensé son offre MAD et a créé une filiale dédiée : Libéoz. L’objectif ? Faire du pharmacien, le pivot de la prise en charge des personnes âgées et des patients dépendants Au-delà du matériel, « le groupement entend proposer un service complet propice au développement d’un écosystème local à même de satisfaire également le pharmacien entrepreneur et donc de le faire sortir de sa position bénévole », explique le président du directoire de la Sogiphar, Philippe Becht. Un écosystème qui permettrait d’ailleurs de trouver un modèle économique pour les objets connectés.

 

Acteur de proximité digne de confiance

D’où l’intérêt du groupement de pharmacien pour le label HS2® qui permettra aux pharmaciens certifiés de valoriser les investissements qu’ils ont consacré à la prise en charge des personnes âgées et des patients chroniques. Pour autant que « la réforme de la réglementation permette aux pharmaciens de faire savoir au grand public qu’ils proposent un véritable savoir-faire », ajoute encore le président du directoire de la Sogiphar. Sans oublier, bien évidemment, une évolution de la liste des produits que le pharmacien est autorisé à distribuer, selon le code la santé public.

Ces évolutions sembleraient d’autant plus opportunes, qu’une enquête conduite par la Silver Valley en 2012, auprès de 1553 personnes de plus de 60 ans, a révélé que le pharmacien était avec le facteur, l’acteur de proximité le plus digne de confiance. Forte de ses 17 000 points de contact, la Poste s’est donc naturellement intéressée à ce « marché des séniors » au travers de sa filiale Silver et a lié langue avec des pharmaciens pour assurer le portage de médicaments préparés sous forme de PDA au domicile des patients, moyennant 7,9€ TTC par mois.

 

Accélérer le déploiement

« Un service de livraison payant « Mes médicaments chez moi » qui comporte trois volets », explique Delphine Mallet, présidente de la branche Silver de La Poste. Outre un volet digital qui permet aux patients et aux pharmaciens de communiquer par l’intermédiaire d’une application, les patients sensibilisés à l’observance peuvent demander aux pharmaciens de préparer un pilulier qui sera livré dans un paquet scellé disposant d’un code barre au domicile du patient par leur facteur, dans la cadre de sa tournée mais à la date choisie par le patient. Et pas question, selon Benjamin Zimmer, de voir ce service comme un centre de coût, puisqu’« il permettra aux patients d’éviter certaines dépenses en ne se déplaçant pas ».

Rien d’étonnant dès lors que la Poste ait cherché à accélérer son déploiement. « Jusqu’alors expérimentée dans la région bordelaise, cette offre triptyque va être également proposée en Vendée et en Loire Atlantique dans le cadre d’un partenariat conclue entre la Poste et les Giphar », ajoute Delphine Mallet. Et pour ceux que le prix pourrait encore rebuter, pas d’inquiétude puisque, dans le cadre du label HS2®, les complémentaires santé et les caisses de prévoyance pourraient être tentées d’assumer le coût de ce service », explique Ghislaine Alajouanine.

Surtout si les contrats proposés visent à récompenser une démarche vertueuse. Comment ? « En incluant un bonus pour les patients qui feraient des efforts et se montreraient particulièrement responsables », préconise Frédéric Bierry. Une mesure qui pourrait se révéler motivante, à condition que les juridictions ne la sanctionnent pas, à l’instar de la décision du Conseil d’Etat contre l’Assurance maladie lorsque cette dernière avait voulu sanctionner l’inobservance des patients souffrant d’apnée du sommeil.

 

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