Un concept unique. Avec pour objectif d’améliorer la compréhension des enjeux de demain et de contribuer à l’émergence de nouveaux projets, "depuis sa création en 2016, le salon City healthcare s’emploie à favoriser l’échange et la rencontre entre acteurs de santé de tous horizons", explique Isabelle Margo, à l'origine de cet évènement. Comment ? En abordant des sujets au cœur de l’actualité et de la préoccupation tant des professionnels de santé que du grand public.
Et cette cinquième édition n'a pas dérogé à la règle. Cette année encore, « l’accent a été mis sur l’innovation en santé et ses impacts sur le patient », explique le président de l’édition 2020, Dominique Pon. A l’issue de son « Tour de France de l’e-santé », le responsable stratégique à la transformation numérique de la santé, nommé par l'ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, est intervenu sur le thème de l’accélération du virage numérique dans le cadre de la stratégie gouvernementale « Ma Santé 2022 ».
Mieux ! Cette année, cet évènement originellement régional s’est ouvert à l’international. Installé au carrefour de l’Europe, dans la région Grand Est, à Nancy, City Healthcare a profité de la proximité géographique du Luxembourg pour mettre la principauté à l’honneur. Aujourd’hui pionnier, conjointement avec la République Tchèque, sur le lancement du premier service e-santé transfrontalier - l’échange électronique du résumé patient entre pays européens -, le Luxembourg était ainsi le pays invité de l’édition 2020.
Nonobstant la différence du nombre d'habitants, l'Hexagone semble d'ailleurs marcher dans les pas de son voisin et modèle en e-santé. La principauté voisine a en effet présenté son Agence Nationale des Informations partagées dans le domaine de la santé dont semble s'être inspirée l'Agence du numérique en santé - ancienne agence des systèmes d'information partagée en santé (ASIP)- que dirige l'ancien directeur des systèmes d'information santé de l'Agence régional de santé (ARS) Franche Comté, Hervé Barge.
Venus en nombre, les visiteurs qui avaient bravé la Covid ont également trouvé leur bonheur en assistant aux autres tables-rondes au cours desquelles sont intervenu plus de cinquante intervenants .D’autant que, parmi la cinquantaine d’exposants qui s'étaient répartis sur 2 000 m², se trouvaient tous les acteurs clés du monde de la santé : Institutions, établissements de santé et EHPAD, mutuelles et assurances, associations, fédérations, entreprises en santé… Sans oublier les start-ups innovantes qui étaient regroupées dans un village dédié.
C'est d'ailleurs l'une d'elle - BioSerenity - qui a permis au public de toucher du doigt l'intérêt de l'innovation numérique dans le domaine médical. Cette start up emblématique, qui est abritée au sein de l’hôtel à projet du CHRU de Nancy, propose en effet des vêtements connectés pour aider au diagnostic des patients et accompagner les traitements grâce à des textiles offrant un enregistrement continu et de longue durée au domicile des patients, ou à l’hôpital. De quoi susciter l'intérêt des investisseurs et de permettre à BioSerenity de lever quelque 65 millions d’euros ; d'autant que son prototype de t-shirt connecté adapté à l’utilisation en pédiatrie qu'elle avait présentée au début de cette année, lors du Salon du « Fabriqué en France », à l’Elysée, semble des plus prometteurs.
Rien d'étonnant dès lors qu'en ouvrant le salon, le président de Destination Nancy-Centre Prouvé et vice-président de la métropole du Grand Nancy, François Werner, a rappelé que "la e-santé et l'intelligence artificielle étaient de véritables enjeux de territoire au regard de l'attractivité et du développement économique qu'elles suscitent". Un message repris en écho, le lendemain, par le président de la région Grand Est, Jean Rottner, lorsqu'il a présenté le plan régional en faveur de l’Intelligence Artificielle. lancé par la Région en juin 2019. Elaboré en lien avec l’Agence Régionale d’Innovation, Grand E-nov, et en co-construction avec les acteurs de l’écosystème (académiques, privés, institutionnels…), le plan IA est d'ailleurs doté d'un budget de 70 millions d'euros.
Et dans ce plan, la santé occupe une place centrale. A bon escient, puisque l'enquête européenne sur la digitalisation du parcours de santé, qui a été présentée le premier jour du salon, a démontré combien l'e-santé était source d'innovation et d'organisation pour les territoires et les patients. Réalisée par IPSOS et Sopra-Steria, cette enquête a par ailleurs permis d’apprécier le niveau d’avancement des pays européens dont la France et de bénéficier d’un éclairage complet sur le niveau d’acceptation et de préparation de la France à travers les réponses des 35 experts et 1200 patients européens interrogés.
Autant de motifs de satisfaction pour le responsable ministériel à la transformation numérique de la santé, Dominique Pon. Après son « Tour de France de l’e-santé », mené en collaboration avec Laura Letourneau, cheffe de l’unité « Internet ouvert » à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), Dominique Pon a ainsi martelé combien l’accélération du virage numérique et la e-santé étaient au coeur de la stratégie gouvernementale et en particulier de « Ma santé 2022 ».
A charge, dès lors, pour les différents acteurs de veiller au strict respect de l'éthique dans le développement du numérique en santé. En l'occurrence, la journée régionale sur l’éthique du numérique en santé aura contribué à faire progresser la réflexion. Organisée en partenariat avec l’ARS Grand Est, le ministère de la Santé, l’EREGE (Espace de Réflexion Ethique Grand Est) et France Assos elle a en effet permis de prendre conscience de la prépondérance de cette question dans la révolution du numérique.