Une constatation et une évidence : les établissements d’hospitalisation pour les personnes âgées dépendantes (EHPAD) effraient. L’étonnant est que l’on s’en étonne. Comment sans émoi accepter facilement le vieillissement et surtout la perte d’autonomie ? Comment, sauf exceptions, reconnaitre la nécessité d’intégrer une structure qui va vous projeter vers une nouvelle étape de la vie qui sera trop souvent la dernière.
Le rapport publié par le CREDOC et réalisé par des experts du think tank Terra Nova, la Caisse des dépôts et l’assureur AG2R La Mondiale, analyse et met en lumière cette difficulté pour nos ainés les plus âgés d’accepter cette rupture.
Ainsi, il est significatif que seules 19% des personnes qui intégrent ces EHPAD ou qui s'apprêtent à y entrer ont fait ce choix eux-mêmes. "On entre en structure d'accueil parce que l'on a perdu en autonomie. Mais on perd un peu plus encore en autonomie en y entrant... Ce moment est ainsi perçu comme une double peine pour les intéressés", commente le rapport. Constat accablant qui plaiderait en faveur d’un maintien au domicile de ces personnes âgées. Et de fait explique le directeur général de Terra Nova, Thierry Pech, " depuis 10 ou 15 ans, la tendance est de privilégier le maintien à domicile le plus longtemps possible. Du coup, quand les gens arrivent en maison de retraite, ils sont beaucoup plus âgés, et dans un état de santé beaucoup plus dégradé". D’autant que les proches de la personne âgée ne sont pas toujours en capacité de mettre en place une structure à domicile ou de s’occuper eux mêmes de leur proche. Souvent, trop souvent pour des problèmes de financement. Une question qui se pose aussi lors de l’intégration dans un EHPAD.
Cette enquête est donc rendue publique - on s’abstiendra de parler de hasard – alors que le gouvernement lance une vaste consultation des français a travers le site internet « make.org » sur le financement de la dépendance. "Nous ouvrons aujourd'hui une grande consultation citoyenne sur internet, à laquelle tous les Français peuvent évidemment contribuer", a indiqué la ministre de la Santé et des solidarités, Agnès Buzyn, notamment sur RTL. Ainsi les « citoyens» sont-ils invités à proposer en 140 signes des solutions ou des initiatives qui permettraient d'aider les personnes âgées à mieux vieillir". Comme pour la réforme des retraites ou les travaux du comité national d’éthique, la concertation intitulée "Comment mieux prendre soin de nos aînés", durera jusqu’au1er décembre, se déroulera aussi lors de forums régionaux et dans des groupes de travail.
L’initiative du gouvernement et de la ministre de la santé est louable. Comment financer la dépendance dont les dépenses pourraient facilement exploser d’ici 2040, 2045, c’est à dire demain ?
Faut-il mettre en place une nouvelle branche de la sécurité sociale qui serait financée par les entreprises, les mutuelles, l’Etat, les salariés et les sociétés florissantes spécialisées dans le grand âge ? La solution est tentante mais son financement pèserait trop sans doute sur le travail, l’emploi, l’industrie, la protection sociale, les assurances complémentaires et les finances de l’Etat… Faut-il, plus simplement, recourir à l’impôt et amputer le pouvoir d’achat ? Ce n’est pas dans l’air du temps… Faut- il mettre à contribution d’une manière plus forte les entreprises directement concernées et dont les profits liés à la prise en charge du grand âge frisent parfois l’indécence, lorsqu’on consulte les cours de la bourse ? Les solutions se trouveront peut être dans une combinaison fine de ces diverses propositions. Le gouvernement qui veut une nouvelle loi pour la fin 2019 ne peut plus perdre de temps.