Un senior sur deux ne suivrait pas le traitement prescrit par un médecin. Une non observance nocive pour la santé puisque le seul fait de ne pas respecter le nombre de prises quotidiennes, l'horaire de ces prises, la durée du traitement ou encore les recommandations corrélées diminue l'efficacité d'un traitement. Outre les risques liés au non respect de la posologie, un sénior sur dix serait hospitalisé en raison de la iatrogénie médicamenteuse. En clair, par les effets indésirales liés à la prise d'un ou plusieurs médicaments.
Selon l'Assurance maladie les personnes âgées seraient globalement plus sensibles aux modifications des doses de leurs médicaments ou à l’ajout d’un médicament à un traitement médicamenteux en cours en raison du vieillissement de l’organisme et de la modification de certaines fonctions importantes du corps comme l’élimination de certains médicaments par les reins ou des toxines par le foie. Selon la Haute autorité de santé (HAS), ces hospitalisation concerneraient même un octogénaire sur cinq, en raison d'une polymédication plus importante.
Or, selon plusieurs études récentes, 30% à 60% de ces effets indésirables -et des accidents qui en découlent- pourraient être évités par un suivi plus rigoureux de l'ordonnance. D'où l'intérêt de faire adhérer le patient à la proposition thérapeutique du médecin.
Une adhésion qui nécessite pour le praticien d'une part, de tenir compte du style de vie du patient ; et d'autre part d'expliquer à la fois le rôle des médicaments et leurs modalités de prises. En clair, d'être didactique sur la pathologie et de faire preuve de pédagogie sur l'ordonnance qui est un support clé dans la relation soignants/patient.
D'autant que le risque de non observance est majoré lors de l’introduction de nouveaux traitements ou du changement de dosage des traitements préxistants. Et pour aider les patients âgés à ne pas oublier de prendre leurs médicaments ; voire à éviter qu'ils ne se trompent lorsqu'ils les trient dans leurs piluliers il convient d'avoir à l'esprit que sept types de profil de patients existent.
• Le docile qui suit scrupuleusement son traitement.
• Le démissionnaire précoce qui arrête prématurément le traitement parce qu’il se sent moins bien (8,6 % des patients) ou parce qu’il se sent mieux (6,4 % des patients) ou parce qu’il ne pense pas que c’est utile (7,4% des patients).
• L’intérimaire qui prend ses médicaments moins fréquemment que prescrits, soit par oubli (62 %des patients), soit parce qu’il n’en a plus ou que cela l'arrange (37 % des patients).
• L’intermittent qui consomme les médicaments de manière irrégulière, sans doute en raison de la récurrence des symptômes, et ignore les indications et les instructions de prises (mauvais horaire) ou bien change la dose de son traitement pour l’adapter à son besoin (14,4 % des patients), soit en la diminuant pour éviter les effets secondaires, soit en l'augmentant lorsque les symptômes continuent ou s’aggravent.
• Le joueur qui est conscient des bénéfices du traitement, mais tente quand même sa chance en arrêtant le médicament.
• Le distrait qui a d’autres préoccupations et oublie les conseils de prise.
• Le rebelle qui s’oppose à tout ce qui lui est proposé.
Tenir compte du profil qui caractérise le patient âgé est essentiel pour le convaincre de l'intérêt de connaître l'emballage et la forme galénique de chacun de ses médicaments. Un véritable challenge, puisqu'une étude de 2012 portant sur des patients âgés de 75 ans et plus a montré qu'à partir de quatre médicaments, seule la moitié d'entre eux était capable de citer leur nom ou leur fonction. Et ce chiffre chute même à 40 % à partir de cinq médicaments.
Outre une mauvaise compréhension des explications données par les professionnels de santé -en particulier les médecins et les pharmaciens- sur le traitement, les personnes âgées peuvent également souffrir de problèmes d’audition ou encore être affectées de perte de mémoire et autres troubles cognitifs. Il est donc essentiel de tenir compte de ces situations et d'avoir les bons réflexes pour limiter le risque iatrogène et emporter l'adhésion du patient afin d'améliorer l'observance.